Les violences en Syrie en fait jeudi au moins 134 morts dont près de la moitié dans un attentat visant le siège du parti Baath dans la capitale Damas, suscitant des condamnations à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. L'attentat visant le siège du parti Baath (au pouvoir) a fait 61 morts, dont 17 membres des forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les Affaires étrangères syriennes ont donné un bilan de 53 morts. Un triple attentat visant des sièges des services de sécurité dans le secteur de Barzé (nord de Damas) a fait 22 morts, dont 19 membres des forces gouvernementales. A Deraa, dans le sud du pays, 38 personnes ont péri, dont 18 dans un raid aérien visant des positions rebelles, selon l'OSDH, alors que sept membres d'une même famille (six femmes et une enfant) ont péri dans une explosion à Tsil et dix autres civils tués dans un bombardement de l'armée visant les positions rebelles dans la localité de Jassem. D'autre part, les 340 civils (dont des femmes et des enfants) enlevés la semaine dernière dans le nord-ouest de la Syrie ont été relâchés jeudi. Les enlèvements sont quasi-quotidiens à travers la Syrie depuis la militarisation du conflit. Dénonçant un "crime de guerre" l'ONG affirme que l'ampleur de ces rapts est sans précédent. Les attentats de jeudi à Damas ont été condamnés par le gouvernement syrien qui accuse des groupes terroristes liés au réseau Al-Qaïda, "qui reçoivent un soutien financier et logistique", et par l'opposition syrienne qui a qualifié de criminelles les attaques visant les civils "quel qu'en soit l'auteur". Le ministère syrien des Affaires étrangères a souligné que le soutien à ces groupes était "contraire à la loi internationale et aux résolutions des Nations Unies en matière de lutte contre le terrorisme". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné l'attentat et les tirs d'obus en Syrie, en réaffirmant "sa ferme conviction qu'une solution politique est la seule issue" à la crise syrienne et a renouvelé son "appel à toutes les parties à mettre fin à la violence et à respecter les lois humanitaires internationales". Mais, les 15 membres du Conseil de sécurité n'ont pas réussi jeudi soir à se mettre d'accord sur le texte d'une déclaration réagissant à l'attentat de Damas, en raison de divergences sur les responsabilités respectives du gouvernement et de l'opposition dans les violences en Syrie, selon un diplomate. La Russie a accusé les diplomates américains de bloquer une condamnation de l'attaque par le Conseil de sécurité. La mission russe a indiqué que les Etats-Unis "encourageaient" les attaques des insurgés en bloquant les communiqués du Conseil sur les attaques en Syrie, selon le terme employé par Anton Uspensky, porte-parole de la mission russe à l'ONU. Ces nouvelles violences interviennent alors que l'opposition syrienne a entamé jeudi au Caire des discussions portant notamment sur la proposition de son leader Ahmed Moaz Al-Khatib de mener des discussions directes avec des représentants du gouvernement syrien. M. Al-Khatib -qui est attendu à Moscou début mars- s'était dit fin janvier prêt à entamer des discussions directes avec des représentants du gouvernement n'ayant pas "de sang sur les mains", précisant que tout dialogue devait nécessairement porter sur le départ du président Bachar Al-Assad. Pour sa part, le gouvernement syrien avait exprimé sa disposition de dialoguer avec l'opposition mais sans "conditions préalables". Cette offre de M. Khatib a reçu l'aval des Etats-Unis, de la Ligue arabe, de la Russie et de l'Iran. Mais le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition de l'opposition que préside M. Khatib, l'a rejetée en bloc et réaffirmé son attachement à la "révolution". Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi pour la Syrie a accepté de prolonger sa mission d'au moins six mois, et a suggéré qu'un dialogue entre l'opposition et une délégation "acceptable" du gouvernement syrien se tienne dans un siège de l'ONU en vue d'une sortie de crise. Au plan humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) envisage d'apporter une aide alimentaire à 2,5 millions de Syriens en avril prochain, alors que le chef de la diplomatie britannique William Hague a annoncé jeudi une aide de 17 millions de dollars aux Syriens réfugiés au Liban. La Russie, quant à elle, poursuivra l'acheminement d'aide humanitaire en Syrie " tant dans le cadre d'organisations internationales spécialisées qu'à titre bilatéral". L'Union européenne (UE) a décidé de prolonger pour trois mois le régime de sanctions contre la Syrie et d'autoriser un soutien plus important à l'opposition, sans se prononcer sur une levée de l'embargo sur les armes réclamée par la Grande Bretagne. Lors du premier Forum de coopération russo-arabe, tenu mercredi à Moscou, le secrétaire général de la Ligue Nabil al-Arabi a indiqué que "les relations entre la Ligue arabe et Damas se poursuivaient malgré la suspension de la participation syrienne aux réunions de la Ligue. Il a estimé que le "principal est d'engager la période de transition et de former un gouvernement de transition, ce qui n'est pas du tout facile, mais nous avons convenu que c'est là notre objectif". Selon l'ONU, plus de 70.000 personnes ont été tuées dans les violences, en Syrie depuis le déclenchement du conflit dans ce pays en mars 2011.