Deux faits se sont succédés, à Alger, pour présenter la société civile comme une entité difficile à identifier. Le premier présente cette société civile comme une menace pour l'ordre. Les associations qui ont tenté d'organiser, mercredi dernier à Bab Ezzouar, une rencontre sur le chômage et l'emploi précaire dans les pays du Maghreb ont fini par visiter les commissariats de police. Leur action a été empêchée. Le second, organisé, hier dans un hôtel à El Biar, confie à cette même société civile la mission de contribuer au contrôle des élections. Sous le double égide de l'association Adhwa right pour la démocratie et les droits de l'Homme et de l'organisme américain National democratic institute (NDI), une dizaine d'associations a été conviée à débattre de ce que devrait être l'apport de la société civile dans l'organisation d'une consultation électorale. Nourredine Benbraham, ancien député RND, membre des Scouts musulmans algériens et président de l'association Adhwa Rights pour la démocratie et les droits de l'Homme, a exprimé son souhait de voir la société civile intégrer davantage l'opération portant contrôle des élections. Il se réfère dans ce sens à l'implication de l'observatoire qu'il dirige dans les deux échéances électorales, organisées en Algérie. Il s'agit des législatives du 10 mai 2012 et des élections locales du 29 novembre 2012. L'ancien député a expliqué que cette implication concerne uniquement le jour du scrutin. Pour la circonstance, l'organisation de Benbraham, où sont regroupées plusieurs associations, a présenté l'expérience vécue par quelques uns de ses membres en assistant au déroulement d'un vote en Jordanie. Dans leur témoignage, les «observateurs» d'Adhwa Rights ont exprimé leur admiration quant à l'implication d'un organisme civil qui regroupe plus d'une centaine d'associations. L'observatoire jordanien s'appelle le Centre Hayet pour le développement de la société civile. L'admiration ainsi exprimée par les jeunes algériens ayant assisté à une élection jordanienne révèle combien la société civile est à construire. On peut s'interroger sur l'appréciation qu'auraient ces jeunes d'Adhwa s'ils assistent un jour à l'opération de vote dans un pays démocratique. Mais avant les témoignages de jeunes animateurs, la juriste Nadia Aït Zai a estimé que l'expérience associative en Algérie demeure trop jeune. Elle a estimé dans ce sens que l'élan de l'ouverture de 1989 a été contrarié par les années de terrorisme. Le mouvement associatif en Algérie, selon elle, n'a pu se relancer qu'en 2000. Et ce mouvement ne peut pas réaliser plus que ce qu'il peut de 2000 à 2013. Abderrahmane Arar, du réseau Nada, a invité les associations à ne pas se positionner toujours en demandeuses de finances. «L'important, c'est le message qu'on véhicule», dira t-il. Peut être donc que le message qu'allait véhiculer mercredi dernier le premier Forum maghrébin sur le chômage et l'emploi précaire n'était pas bon à entendre… A. Y.