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Un bilan à plusieurs facettes
Résultats de l'EN, Centre de Sidi Moussa, nouveau siège, autonomie financière...
Publié dans La Tribune le 23 - 02 - 2013


Photo : M. Hacène
Par Abdelghani Aïchoun

Le football a, de tout temps, été un sport qui déchaîne les passions. Et le débat, ou la polémique, qui a suivi l'élimination précoce de l'équipe nationale de la CAN-2013, qui a eu lieu il y a quelques semaine, en Afrique du Sud, en est la parfaite illustration. Un événement qui a coïncidé avec la fin du mandat du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, qui est, rappelons-le, seul candidat en course.
Celui-ci, qui se dirige donc tout droit vers un autre mandat, a eu l'occasion de présenter son bilan face aux membres de l'assemblée générale de l'instance fédérale, mercredi dernier. A vrai dire, Raouraoua a eu déjà à faire un tour d'horizon de ses réalisations, lors du précédant mandat, le 29 décembre dernier, à l'occasion d'une conférence de presse animée au Centre technique national de Sidi Moussa, à Alger, durant laquelle, d'ailleurs, il avait annoncé sa candidature. Que peut-on dire donc du bilan de l'actuel président de la FAF ? Il est vrai que la question est complexe eu égard à la nature d'un sport qui est tout le temps sous les projecteurs. Le fait que la sélection nationale ait quitté la CAN avec un point seulement a «bouleversé» les Algériens. Mais une fois le «choc» passé, les esprits se sont apaisés. Si quelques-uns parmi les observateurs n'admettent pas que les Verts sortent de la compétition de la sorte, d'autres par contre, parmi les techniciens notamment, y voit quelques aspects positifs. De plus, la polémique autour du maintien ou non du sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, s'est vite estompée étant donné que les uns et les autres se sont vite rendus à l'évidence qu'a l'approche des éliminatoires du Mondial-2014, le départ du bosnien pourrait avoir des répercussions négatives pour la sélection. Néanmoins, le débat autour de la stratégie adoptée par les responsables de la sélection, en termes d'organisation ou de la nature des joueurs convoqués, entre autres, persiste toujours. Quelles que soient les conclusions tirées par les différents observateurs et analystes, peut-on pour autant, résumer le bilan d'un mandat fédéral à une participation à la CAN d'une sélection ? Le président Raouraoua, à
l'occasion de la présentation de ses bilans, adoptés à l'unanimité, signalons-le, par les 94 membres présents, sur un ensemble
de 129 -aucune voix contre ou discours discordant-, a rappelé que durant ce mandat l'EN a réussi deux qualifications à des CAN (2010 et 2013) et une participation à un Mondial (2010), après 24 ans d'absence. Et lors de la CAN 2010, l'Algérie avait atteint les demi-finales. Néanmoins, le président de la FAF précise, comme pour afficher toute sa sincérité, que cela ne veut pas dire que cette participation a été une totale réussite, puisque les Verts, même en atteignant le dernier carré, avaient pêchés par un manque flagrant de réussite sur le plan offensif. En dehors du match face à la Côte d'Ivoire, remporté en quart de finale sur le score de trois buts à deux, les Algériens n'avaient inscrits que …deux buts. Lors de ses différentes interventions, Raouraoua tente d'énumérer les problèmes auxquels fait face le football national. Ces mêmes problèmes qui font que les sélections nationales, de différentes catégories -et là il citera volontiers les équipes U-17 ou U-19-, ratent souvent leurs sorties même face à des équipes de moindre envergure. Les raisons de l'échec sont multiples, à commencer par l'absence quasi-totale de la formation au sein des clubs et le manque d'encadrement et de compétence. A cet effet, le président de la FAF donnera quelques chiffres concernant ce qui a été fait pour corriger certaines de ces lacunes, même si, avoue-t-il, l'instance fédérale ne peut rien toute seule, sans l'aide et l'engagement des plus hautes autorités du pays ainsi que la bonne volonté des personnes ayant en charge le football national à différents niveaux, comme les présidents de ligues, de clubs, DJS…Ainsi, la FAF, qui, selon son premier responsable, gère, avec les ligues, pas moins de 3 000 matchs par semaine, a recyclé environ 1 500 entraîneurs durant ce mandat, alors que le déficit enregistré est de l'ordre de 9 000. L'instance fédérale a même organisé plusieurs stages pour l'obtention de la licence d'entraîneurs CAF, «A», «B» ou «C». De même pour l'arbitrage, qui connaît également un énorme déficit (environ 3 000). Là encore, plusieurs centaines d'arbitres ont été formés durant ce mandat.

Une autonomie financière réussie
Mais, pour Raouraoua, il y a d'autres acquis plus significatifs, à l'image du lancement du professionnalisme, de la mise sur pied du Centre technique national de Sidi Moussa, de la construction du nouveau siège de la FAF, du lancement des études pour la construction d'un hôtel haut standing et surtout la consolidation de l'autonomie financière de l'instance fédérale. Des projets, qui étaient des promesses au début de son mandat, en 2009. Ce qui, pour lui, est une totale réussite. On s'en souvient, Raouraoua est arrivé à la tête de la fédération, il y a quatre ans – la seconde fois après un premier passage entre 2001 et 2004 – dans un contexte particulier, marqué par une grave crise entre la FAF, présidée par Hamid Haddadj, et le ministre de la Jeunesse et des Sports de l'époque, Yahia Guidoum. Ce dernier avait bloqué les subventions à la FAF rendant son fonctionnement difficile. D'où la décision de l'actuel patron de faire en sorte que l'instance qu'il préside devienne autonome financièrement. Ce qu'il a réussi après avoir convaincu des sponsors, principalement l'opérateur de téléphonie mobile Nedjma, d'investir dans la fédération et la sélection nationale. Aujourd'hui, même le salaire du sélectionneur Halilhodzic est assuré sur les fonds propres de la fédération. «On n'a touché à aucun centime des subventions étatiques depuis quatre ans», se plait à dire à chaque fois Raouraoua. Concernant le Centre technique national de Sidi Moussa, si la bâtisse principale existait depuis des décennies, mais inutilisée, les nouveaux immeubles et autres infrastructures, comme les pelouses, sont nouvellement installés. S'étendant sur une superficie de 4,8 hectares, le MJS l'a cédé à la FAF jusqu'en 2022. L'instance fédérale, qui a pris en charge beaucoup de travaux, en engageant pas moins de 15 milliards de centimes, souhaiterait bien évidemment une cession définitive. Disposant de toute les infrastructures et commodités nécessaires, le centre est utilisé actuellement pour les regroupements des différentes sélections nationales, y compris les seniors A qui, dans un passé récent, faisaient leurs stages à
l'étranger et étaient hébergés dans des hôtels. Le centre dispose de plusieurs blocs, pédagogique, administratif et médical, entre autres, ainsi qu'une salle de musculation, de rééducation et de trois pelouses, dont une en gazon naturel réalisée par une société
algérienne même si le bureau d'études chargé du suivi du projet est Anglais. Il y a également le nouveau siège de l'instance fédérale, construit juste à côté de l'ancien, avec des fonds entre autres de la Fifa, inauguré l'année dernière en présence de Sepp Blatter, patron de la Fédération internationale. Raouraoua a promis également de construire un hôtel haut standing, propriété de la FAF, dont le terrain a déjà été acquis à Dely Brahim, à Alger, et qui générera sûrement d'importantes recettes pour l'instance. Une manière comme une autre de consolider son autonomie financière. En dernier lieu, dans le cadre de la mise en conformité avec les recommandations de la Fifa qui, désormais, exige une licence professionnelle pour chaque club qui voudrait prendre part à une compétition internationale, continentale ou autre, la FAF a lancé, depuis 2010, le championnat professionnel. Là aussi le bilan ne fait pas l'unanimité étant donné
qu'actuellement, trois ans après, la majorité des clubs fait face à d'énormes problèmes financiers. Mais là aussi la situation est complexe. Au-delà du fait qu'il y a eu précipitation dans la concrétisation du processus, plusieurs facteurs de blocages ont été enregistrés, à l'image des présidents de clubs qui n'acceptent pas d'ouvrir le capital des entités commerciales créées fermant ainsi la porte devant de potentiels investisseurs. Il y a également les lenteurs enregistrées dans la mise en application des aides promises par l'Etat. Néanmoins quelques solutions commencent à pointer à l'horizon. La compagnie pétrolière Sonatrach, à travers la maison mère et quelques unes de ses filiales, a décidé de «racheter» quatre clubs. Pour Raouraoua, le processus, tout nouveau même ailleurs, est long. Et les gens doivent être patients. En tous cas, au vu de tous ces chantiers lancés le mouvement footballistique national est de plus en plus exigeant avec l'actuelle équipe dirigeante. Le président de la FAF, qui succédera sûrement à lui-même, subira certainement beaucoup de pressions durant ce prochain mandat. Les chantiers sont énormes. Et les attentes aussi…


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