Le secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la prospective et des statistiques a organisé, hier, un atelier international sur la veille stratégique institutionnelle en vue d'actualiser et de sensibiliser les différents départements ministériels et autres organismes publics à la prise en charge des aspects relatifs à la collecte et à la diffusion de l'information stratégique. Cette rencontre, organisée avec le concours de la commission européenne et le programme P3A, se penchera durant deux jours sur les aspects techniques des cellules de «veille stratégique». Pour le secrétaire d'Etat chargé de la prospective, Bachir Messaïtfa, la veille stratégique est un système qui peut permettre la détection des menaces et des opportunités à l'échelle internationale et éviter aux pouvoirs publics l'effet surprise dans la prise de décision. Il estime que ces outils modernes peuvent offrir aux institutions la chance de «saisir les signaux faibles des changements qui s'opèrent dans l'environnement économique, social et culturel et d'ajuster par la suite les politiques publiques sectorielles mises en œuvre». Il cite, dans ce sens, le choc pétrolier des années 1980 qui a frappé de plein fouet les équilibres budgétaires du pays. «Si nous avions eu un système de veille dans les années 1980, nous aurions pu anticiper la baisse des cours mondiaux de pétrole et prendre les bonnes décisions à l'époque», a-t-il argumenté. Cette rencontre s'inscrit d'ailleurs dans cette optique en vue de doter chaque institution d'une «cellule de veille» capable de déceler des signes d'alertes ou de risques sur le plan international. «Notre objectif est de voir les différents secteurs adopter une approche scientifique en termes de prise de décision, basée sur l'économie du savoir, la bonne gouvernance et sur une information économique fiable», a déclaré M. Messaïtfa à ce propos. Son département compte aussi accompagner les autres départements ministériels dans la mise en place de ces cellules au sein de leurs institutions ainsi que dans la formation de leurs cadres. Par ailleurs, pour Philippe Clerc, représentant de l'Association internationale francophone d'intelligence économique, la veille stratégique permet à «l'Etat stratège», aux décideurs mais aussi aux chefs d'entreprises de détecter les signes d'alertes précoces annonciateurs d'une transformation, d'une rupture, d'un risque ou d'une occasion. C'est un moyen efficace d'éviter la «surprise stratégique», juge cet expert français. Le conférencier a cité également quelques modèles de veille stratégique adoptés par certains pays. L'Europe du Nord et les Etats-Unis ont développé, selon M. Clerc, des capacités de réflexion stratégique et de prospective axées sur les «problématiques globales» comme le prouvent les multiples scénarii sur l'avenir du monde et les recommandations relatives aux stratégies économiques et sociales. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) adoptent par contre une approche «développementaliste», qui cherche à garantir la souveraineté et l'influence de ces pays dans leurs zones stratégiques, d'où leurs préoccupations relatives aux grands défis internes de lutte contre la pauvreté, d'élévation du niveau d'éducation et d'accès à la santé. S. B.