L'opposant tunisien Chokri Belaïd a été assassiné par un groupe appartenant à la mouvance salafiste, islamiste radicale, ont conclu les autorités tunisiennes, précisant que le meurtrier présumé a été identifié mais est toujours en fuite. Quatre complices sont sous les verrous, selon le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh. Pour ce dernier, l'assassin appartient à un courant religieux radical et de nationalité tunisienne. Les complices auraient effectué le repérage en vue de ce crime, et l'un d'entre eux «a avoué avoir accompagné le tueur» le 6 février, jour du meurtre. Plusieurs informations ont fait état ces derniers jours de l'arrestation du meurtrier présumé et de son appartenance à la mouvance salafiste. Le Premier ministre Larayedh, fraîchement intronisé a refusé néanmoins de donner des indications sur un groupe salafiste en particulier. La nébuleuse salafiste jihadiste est accusée par les autorités d'être responsable de nombreuses actions, certaines sanglantes, ces derniers mois. La plus grave ayant été l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis en septembre 2012, qui a fait quatre morts parmi les assaillants. Le parti islamiste au pouvoir Ennahdha, auquel appartient Larayedh, a été régulièrement taxé de laxisme à l'égard de ces groupes. Pour une partie de l'opposition laïque, le parti de Ghannouchi est accusé de complaisance envers les extrémistes pour des raisons de proximité idéologique. Besma Khalfaoui, la veuve de l'opposant, qui estime que le parti islamiste au pouvoir «possède deux visages», a pour sa part souligné vouloir avant tout identifier le commanditaire. «C'est beau de savoir qui a exécuté, mais pour moi c'est très important de savoir qui a commandé, comme cela a été fait, car c'est un crime très organisé», a-t-elle affirmé. L'assassinat de Chokri Belaïd a ébranlé la Tunisie dans une phase de transition mouvementée. La mort violente de l'opposant a entraîné la démission du Premier ministre Hamadi Jebali. Ce dernier, face à la défiance de son propre parti Ennahda de former un gouvernement de technocrates pour répondre à la crise provoquée par le meurtre, s'est résolu à claquer la porte. Son successeur Ali Larayedh, tente de trouver un consensus pour préserver la cohésion sociale. Considéré comme un modéré, Larayedh a la réputation d'un homme de dialogue. Mais une partie de l'opposition le juge responsable de l'essor de la mouvance jihadiste et de la répression violente de conflits sociaux lorsqu'il était au ministère de l'Intérieur. Le parti Ennahda a aussi été accusé de favoriser les violences politiques en protégeant certaines organisations troubles. La Tunisie se trouve au cœur d'une crise politique multidimensionnelle, engageant l'avenir du pays après s'être débarrassée du système autoritaire de Ben Ali. Après 16 mois de tergiversations, le pays est toujours paralysé par l'incapacité de l'Assemblée nationale constituante d'aboutir à un consensus sur la future Constitution. Lequel consensus ouvrirait la voie à de nouvelles élections. M. B.