Des sources policières ont annoncé, hier soir, l'arrestation de deux hommes qui seraient directement impliqués dans l'assassinat de l'opposant tunisien. Ils appartiendraient à la mouvance radicale salafiste et leur arrestation a été facilitée par le témoignage d'une femme, selon la police. C'est ce qu'a déclaré, ce matin, la veuve de Chokri Belaïd, Basma Belaïd, sur la radio française Europe1, suite à l'arrestation, hier, d'un homme et son complice, soupçonnés d'avoir commis le crime. «On demande un procès et on demande de pousser l'enquête et de tout savoir», a-t-elle affirmé. Ces deux hommes appartiennent, selon des sources policières, à la mouvance radicale salafiste. Le tueur présumé est un artisan de 31 ans, spécialisé dans les meubles en aluminium, il a été arrêté à Carthage, dans la banlieue de Tunis. Le deuxième homme est soupçonné d'être le motard qui a permis la fuite du tireur. Les deux sources interrogées ont indiqué que les deux suspects appartiennent à la mouvance radicale salafiste et que leur arrestation avait été facilitée par le témoignage d'une femme qui a été placée sous protection policière. L'une de ces sources a précisé que le tueur était actif dans la Ligue de protection de la révolution (LPR) une milice brutale pro-islamiste du Kram, une banlieue populaire de Tunis voisine de Carthage. La LPR a été accusée à de nombreuses reprises par l'opposition d'orchestrer des attaques contre des opposants ou des associations pour les intimider. Ses militants sont ainsi soupçonnés du lynchage à mort d'un représentant d'un parti d'opposition à Tatoutine (sud) à l'automne 2012, ainsi que de l'attaque qui a visé le siège du syndicat UGTT en décembre. La mouvance salafiste jihadiste est, pour sa part, accusée de nombre de coups d'éclat, certains sanglants. Ces ligues sont «protégées par le système», a accusé la veuve de Chokri Belaïd qui a demandé «immédiatement» leur dissolution. «Toute la société tunisienne n'a pas arrêté de demander depuis des mois la dissolution de ces ligues», a-t-elle souligné. «La responsabilité politique d'Ennahda est impliquée», a répété Mme Belaïd, qui a accusé à plusieurs reprises le parti islamiste au pouvoir d'être responsable de l'assassinat de son mari. «La moindre des choses est d'assurer la sécurité des citoyens. Ennahda est le parti au pouvoir (...) c'est à elle de protéger les citoyens», a-t-elle déclaré, alors que le parti islamiste est régulièrement accusé de faire preuve de laxisme vis-à-vis de sa frange radicale et de la mouvance salafiste. Plusieurs médias tunisiens ont aussi indiqué que deux militants salafistes présumés avaient été arrêtés pour le meurtre de l'opposant. Selon la radio Mosaïque FM, le tueur «a déjà avoué son implication dans le meurtre de Chokri Belaïd et a confié qu'il a exécuté une fatwa qui appelait au meurtre» de cet opposant qui dirigeait un petit parti appartenant à une alliance de plusieurs mouvements de gauche et nationalistes, le Front populaire».