Le ministre du Travail a fustigé hier les directeurs de l'emploi des wilayas, exigeant d'eux la promotion de la transparence et l'équité dans la conduite des programmes de l'emploi. Il n'est pas dans la tradition d'œuvrer en coalition, même au sein d'une même institution, l'opacité étant le dénominateur commun de toutes les institutions du pays. Il est déjà bien difficile de composer avec le chômage dont le taux risque de s'accroître avec les soubresauts de la crise qui s'abat sur tous les pays qu'il serait indécent de feinter avec les quelques possibilités d'embauche qui s'offrent aux jeunes. Il y a vraisemblablement quelque gêne à agir, à quelque niveau que ce soit, dans la transparence en terme de gestion de l'emploi, denrée rare de nos jours et objet de convoitises. «La mobilisation de moyens humains et financiers» dont le ministre se félicite ne pourra rien si ceux qui gèrent ce dossier se soucient de l'entourer de l'obscurité qui le cacherait aux yeux. La bureaucratie, cette bête tentaculaire qu'on ne sacrifierait pour rien au monde, a du bon pour tous les malandrins du passe-droit et du népotisme. Pourquoi agir dans la lumière quand on peut se camoufler et boursicoter à l'aise ? Le premier responsable du secteur l'a compris et a réagi en enjoignant à ceux qui président à la gestion de ce dossier de faire primer la transparence et l'homogénéité dans l'action, et en les invitant entre les lignes à soustraire celui-ci (le dossier) au favoritisme. Un autre axe de l'emploi grince lui-aussi et a du mal à libérer toutes les potentialités qu'il est censé contenir pour faciliter l'accès au travail et attend que l'Etat donne un sérieux coup de pied dans la fourmilière. Les différents dispositifs d'aide à l'emploi sont encore prisonniers de l'étroitesse d'esprit et de la duplicité de certains, l'euphorie des premiers moments qui ont suivi les instructions du président de la République s'est vite mue en déception parmi les jeunes qui y ont cru un instant. Souscrire à l'un de ces dispositifs relève d'un véritable parcours du combattant, les postulants sont tout simplement poussés à baisser les bras, les plus téméraires finissent souvent par abdiquer face à des attitudes intentionnellement dissuasives. On voudrait repousser le plus grand nombre de jeunes et les inciter à abandonner leur projet qu'on n'agirait pas autrement. C'est à une pression insoutenable et à une bureaucratie toujours en bon état que sont soumis les souscripteurs à un dispositif de l'emploi. Là aussi, les pouvoirs publics ont le devoir d'exiger la célérité et la transparence dans le traitement des dossiers. Mais l'un des maux qui rongent ce pays à différents niveaux et qui le maintiennent dans le sous-développement s'appelle passe-droit. Ce fameux sésame est devenu incontournable, rien n'est accessible si l'on n'a pas la «chance» d'être bien coté. R. M.