Une photo de terroriste mort, a été largement diffusée hier sur les sites Internet et publiée par plusieurs journaux et revues étrangers. Pour certains supports, il s'agit du cadavre d'Abou Zeïd, pour d'autres c'est Mokhtar Belmokhtar. Ainsi donc, la photo qui devait apporter la preuve de la mort d'un des deux responsables d'Aqmi a suscité beaucoup plus de la confusion et de l'incertitude qu'autre chose. Dans cette cacophonie, le président tchadien, Idriss Déby, a, de nouveau, assuré que son armée a bel et bien tué les deux chefs d'Aqmi dans le nord du Mali, assurant que les corps n'avaient pas été exposés par respect «des principes de l'islam». En France, le doute persiste. Paris affirme ne pas être en mesure d'authentifier cette information. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué hier que la France est toujours à la recherche «d'éléments de preuves» sur la mort des deux chefs d'Aqmi. Interrogé sur RMC/Bfmtv sur la photo présentée comme celle du corps de Belmokhtar publiée sur le site de RFI, M. Le Drian a déclaré : «Je ne suis pas certain que ce soit lui. Si le président tchadien peut nous donner tous les éléments de preuves tant mieux. Nous sommes en recherche des éléments de preuves sur l'un et sur l'autre.» Si leur mort était confirmée, «ce serait une très bonne nouvelle», mais «ça ne règlerait pas tout», a poursuivi le ministre. Il y a lieu de rappeler qu'un membre d'Aqmi a déclaré, lundi dernier, à l'agence mauritanienne d'informations en ligne Sahara Médias, sous couvert de l'anonymat, qu'Abou Zeïd était mort mais avait démenti le décès de Mokhtar Belmokhtar. Abou Zeïd a été tué «par un bombardement aérien français dans les montagnes des Ifoghas et non par les Tchadiens». Il a, en revanche, assuré que Mokhtar Belmokhtar «était bien vivant, pour la simple raison qu'il se trouve dans la région de Gao où il mène les combats contre l'ennemi». Selon lui, Belmokhtar va publier «une déclaration dans un proche avenir pour démentir les allégations mensongères du président tchadien renégat». En attendant la confirmation de la mort des chefs d'Aqmi, la guerre se poursuit dans le nord du Mali, où une quinzaine de terroristes ont été tués, dans la nuit de lundi à hier, lors de violents combats avec les forces françaises et tchadiennes. Par ailleurs, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) ont annoncé hier qu'ils avaient demandé au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur «les crimes qui auraient été commis par l'armée malienne à l'encontre des membres des groupes ethniques peuls, touareg, arabes et songhai dans les environs de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni, et Konna». «Les soldats (maliens) se sont livrés à des actes de torture, des exécutions sommaires et des disparitions forcées» dans ces villes, a affirmé le Mnla. Les rebelles touareg dénoncent aussi les «appels à la haine raciale relayés par les sites Internet maliens et la presse pro-gouvernementale». H.Y./agences