L'allaitement maternel est en nette baisse en Algérie. En effet, seulement 6,9% de femmes nourrissent exclusivement au sein leurs bébés, privant ainsi les nouveau-nés d'un aliment complet qui contient les nutriments nécessaires pour leur bonne croissance. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui confirme lui-même le déclin de cette pratique ancestrale, tire la sonnette d'alarme.Selon les services du département de M. Barkat, il est absolument nécessaire de reprendre aujourd'hui l'ancienne habitude. L'enjeu est capital. Et pour cause : il ne s'agit pas seulement de protéger la santé des deux êtres, le bébé et sa mère, mais aussi de former l'homme de demain. Beaucoup de femmes, instruites ou non, ignorent cette réalité ou feignent de l'ignorer, prétextant des douleurs, des difficultés d'allaitement, un manque de temps, un manque de force… et autres raisons d'ordre esthétique pour remplacer leur lait par le lait industriel. Ce dernier est pourtant loin d'offrir les mêmes avantages que le premier, sans compter ce que l'Etat dépense dans l'importation de la poudre de lait. L'enquête MICS, réalisée en collaboration avec l'Unicef, ne donne pas les raisons véritables de cet abandon. Une chose est sûre : les femmes allaitent de moins en moins au sein et très peu de structures hospitalières offrent les conditions du bon démarrage de cet allaitement. Contrairement à ce que l'on pense, ce ne sont pas seulement les femmes qui travaillent qui renoncent à cette pratique. «Les femmes au foyer sont très nombreuses à abandonner l'allaitement au sein et c'est cela justement qui nous inquiète le plus», confie Mme Zakia Fodil Cherif, chargée du programme de nutrition au ministère de la Santé. D'après les résultats de l'enquête MICS, l'allaitement maternel exclusif au sein ne concerne que 10,4% des enfants de moins de 3 mois (10,6% chez les garçons et 10,1% chez les filles). Chez les enfants de moins de 6 mois, cette proportion descend à 6,9% (7,2% chez les garçons et 6 ,7% chez les filles). Entre 6 et 9 mois, 39% des enfants sont nourris au sein, tout en consommant des aliments solides. La proportion des enfants âgés entre 12 et 15 mois toujours allaités au sein est de 46,5%. Cette proportion baisse à 22,2% pour ceux âgés entre 20 et 23 mois. Pour amener un maximum de femmes à nourrir au sein leurs bébés, une campagne d'information et de sensibilisation sur les bienfaits du lait maternel a été organisée, du 5 au 12 octobre dernier, à travers tout le pays, à l'initiative du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Les initiateurs de cette campagne assurent que le lait maternel est un aliment complet irremplaçable qui a de nombreux avantages sur la santé de l'enfant ainsi que sur l'état physique et psychique de la maman. Selon le Pr Djamil Lebbane, chef de service de néonatologie au CHU Mustapha Pacha, à Alger, également président du Comité national de périnatalité et «Hôpitaux amis des bébés» au niveau du ministère, les enfants nourris au lait maternel risquent 10 fois moins d'être hospitalisés pour une quelconque infection bactérienne sévère et 4 fois moins de présenter une bactériémie ou une méningite. Aussi, soutient le spécialiste en néonatologie, l'allaitement est une forme de médecine préventive peu coûteuse pour la société mais très efficace. Le lait maternel est un lait «divin». C'est «un vaccin naturel». Le Pr Lebbane appelle à la généralisation de cette pratique au sein même de la structure hospitalière où il est nécessaire d'aller vers une nouvelle organisation des services de maternité, avec une meilleure formation du personnel, ainsi que de mettre en pratique «les hôpitaux amis des bébés». «La généralisation de l'allaitement au sein permettra de réduire les dépenses de santé» conclut-il. K. M.