L'allaitement maternel est en nette régression en Algérie. En effet, seules 6,9% des femmes allaitent exclusivement au sein leurs bébés pendant les six premiers mois de leur vie, a révélé mercredi dernier des responsables du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à l'occasion du lancement officiel de «la semaine de sensibilisation et de promotion de l'allaitement maternel». Une rencontre présidée par le ministre de tutelle, M. Saïd Barkat, en présence de la ministre déléguée chargée de la famille, Mme Nouara Saadia Djafar et de représentants du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. Les responsables du ministère de la Santé précisent qu'il s'agit là des résultats de l'enquête MICS 2006 réalisée en collaboration avec des experts de l'Unicef et de l'OMS. Les véritables raisons de l'allaitement maternel ne sont pas encore connues - une enquête est en cours pour les identifier - mais une chose est sûre, c'est que la tendance à l'abandon se précise chaque jour davantage, aussi bien en milieu urbain que rural. Aussi, révèle l'enquête, ce ne sont pas seulement les femmes qui travaillent qui allaitent de moins en moins leurs enfants mais aussi celles qui sont au foyer. Ces dernières, plus que les premières, semble-t-il. L'effet publicitaire des compagnies étrangères pour la commercialisation du lait de substitution participe largement à cet abandon, souligne le représentant de l'unicef en Algérie, M. Manuel Fontaine. Un avis partagé par le Pr Djamil Lebbane, chef de service de néonatalogie au CHU Mustapha Pacha et président du Comité national de périnatalité et «hôpitaux amis des bébés». Le Pr Lebbane, le premier à lancer la méthode «kangourou» en Algérie, assure pourtant que le lait en boîte disponible dans les commerces ne peut en aucun cas remplacer le lait maternel : «Le lait maternel à lui seul -sans aucun autre aliment- peut couvrir les besoins nutritifs du bébé pendant les six premiers mois. C'est un aliment complet.» De plus, poursuit-il, et contrairement à certaines idées reçues, l'allaitement exclusif au sein offre beaucoup d'avantages, aussi bien pour le nouveau-né que pour la maman. Le créateur des «hôpitaux amis des bébés» en Algérie cite les bienfaits suivants : «Les enfants nourris au lait maternel risquent 10 fois moins d'être hospitalisés pour une quelconque infection bactérienne sévère et quatre fois moins de présenter une méningite, l'allaitement prolongé et exclusif au sein stimule le développement cognitif des enfants et contribue à l'amélioration de leur rendement scolaire…» Aussi l'allaitement maternel protège-t-il la femme contre les cancers du sein et du col de l'utérus, augmente son espérance de vie… et renforce le lien mère/enfant. Sans compter les économies à faire pour l'Etat puisque le lait en poudre demeure un produit d'importation payé chèrement en devises. «Si l'allaitement au sein est généralisé, cela permettra de réduire les dépenses de santé», insistera encore le Pr Lebbane. Evoquant les raisons du déclin de cette habitude ancestrale, Mme Nouara Djafar plaidera pour la promulgation de lois protégeant le droit à l'allaitement pour les femmes qui travaillent. La ministre chargée de la famille insistera sur la nécessité de créer des espaces réservés à cet effet dans les entreprises qui emploient plus de 30 femmes. K. M. La prière du vendredi consacrée aux bienfaits de l'allaitement maternel Prenant part aux activités de promotion de l'allaitement maternel en Algérie, pendant la semaine allant du 5 au 12 novembre en cours, le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs a décidé que le prêche du vendredi 7 novembre traite exclusivement de ce sujet, dans toutes les mosquées du pays. «Ce sera le même thème dans toutes les mosquées du pays», a déclaré l'un de ses représentants, à l'occasion du lancement de la «semaine de sensibilisation et de promotion de l'allaitement maternel». K. M.