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Des travailleurs de l'éducation appellent à une nouvelle révision du «statut de la honte» Adjoints de l'éducation, enseignants du primaire et du moyen...et autres
Photo : Sahel Par Karima Mokrani La semaine dernière, c'étaient les adjoints de l'éducation. Hier, c'étaient les enseignants du primaire et du moyen qui sont aux postes dits «en voie d'extinction» qui se sont rassemblés devant l'annexe du ministère de l'Education nationale, sise au Ruisseau (Alger), pour réclamer la réouverture du statut particulier. Le statut «de la honte» comme ils l'appellent parce qu'il creuse davantage le fossé qui sépare les uns et les autres, dans le même corps et avec les autres corps. C'est le statut N°240-12 modifiant celui 315-08 et qui s'est avéré, en fin de compte, selon leurs dires, pire que le premier. Pas seulement parce qu'il lèse certains enseignants et certains corps de leur droit d'avoir une meilleure classification mais tout simplement, il va jusqu'à diviser toute la corporation. Diviser pour régner, une politique bien élaborée et mise en œuvre par les services du ministère de l'Education nationale, voire du gouvernement, de façon générale, et cela derrière des slogans rassurants, rassembleurs et réconciliateurs. Le nombre des manifestants hier devant l'annexe du département de Abdelatif Baba Ahmed et avant lui, Boubekeur Benbouzid, avoisinait les 200. La plupart venus de Béjaïa, entre enseignants, adjoints de l'éducation et représentants d'organisations syndicales, à l'instar du CLA (Conseil des lycées d'Algérie), représenté par Idir Achour, le bureau du Snte (Syndicat national des travailleurs de l'éducation), l'initiateur de cette manifestation, représenté par Mohammed Ouaddah, le Sete (Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation), affilié à l'Ugta, et le Collectif autonome, nouvellement créé de ces enseignants des trois paliers de l'enseignement (les deux du primaire et le troisième du moyen). Le rassemblement a été empêché par les agents de police. Quelques arrestations sans trop attirer l'attention des passants et sans décourager les manifestants, habitués à telle réaction mais décidés à continuer dans la voie de la lutte et la résistance pour faire aboutir leurs revendications. «La différence avec les autres enseignants, c'est qu'ils n'ont pas de licence. Ce n'est pas de leur faute, c'était l'ancien système. L'enseignement était ouvert à tous les sortants de l'ITE. Avec le nouveau statut, tout change, on exige la licence», précise, tout d'abord, Mohammed Ouaddah. Et ce dernier de poursuivre pour être plus clair sur le sujet: «Trouvez-vous normal que deux enseignants, dans un même établissement, dans une même matière et avec un même volume horaire et un même pallier, soient classés différemment et perçoivent deux salaires différents? L'un est à la 12 et l'autre à la 11, ceci pour le moyen. Même chose au primaire, l'un à la 11 et l'autre à la 10.» C'est une injustice flagrante, relève le représentent du Snte qui insiste, par conséquent, sur la nécessité de procéder à une nouvelle révision du statut pour donner son véritable sens au mot «égalité». Par la même occasion, le syndicaliste, qui est adjoint d'éducation, rappelle que lors de la sortie du statut 315-08, le corps des adjoints de l'éducation était le premier à le dénoncer mais cela a profité plus à d'autres syndicats et d'autres corps qui ont pu bénéficier d'autres droits et d'autres privilèges: «Ils ont eu la part du lion au détriment des autres.» Aujourd'hui, les adjoints de l'éducation sont à la 8 mais ils aspirent passer à la 10: «Ils ont promis l'intégration, le mois d'avril prochain, de 23 adjoints d'éducation (principal), ceux qui ont 10 ans d'expérience.» Les responsables en charge du dossier ont assuré aux concernés que la chose sera faite d'office même s'il y a un examen à passer. «Ils nous ont dit que c'est juste pour la forme mais c'est tout le monde qui va passer», a indiqué Mohammed Ouaddah. Difficile de croire à telle promesse. Pourquoi alors organiser tout un examen, avec tout ce que cela exige comme logistique et autre ? «Ne les croyez pas, ils ont fait la même chose avec les enseignants du technique pour leur intégration au rang de PES», a répliqué Idir Achour du CLA. «Ils leur ont dit que c'est juste une formalité et, finalement, il y a eu des reçus et des non reçus. C'est un piège pour diviser le corps.» Et ce dernier de revenir, de son côté, sur la lutte des enseignants du secondaire: «Ce n'est pas vrai, il n'y a eu d'acquis pour les PES. Il y a eu des intégrations mais pour les augmentations, je préfère mon salaire de 2000 à celui d'aujourd'hui pour la simple raison que ça ne suit pas le pouvoir d'achat.» Et le représentant du CLA d'insister, encore une fois sur le fait que «le véritable problème pour tous les travailleurs de l'éducation nationale réside dans le statut. Ce dernier ne permet que l'accentuation des divisions entre les corps et entre les éléments d'un même corps. C'est le seul objectif qu'il a. Ils veulent mettre fin à toute unité entre les travailleurs du secteur de l'éducation». Par conséquent, «notre revendication principale à tous se résume dans la réouverture des négociations autour du statut particulier pour une réparation véritable de toutes les injustices qu'il porte». Et le représentant du Snte, de souligner, de son côté que «l'autre problème, c'est que ce ne sont pas les gens du terrain qui décident du contenu du statut mais des fonctionnaires d'administration qui élaborent des textes dans des bureaux fermés».