L'effondrement des valeurs sociales et morales dans la société algérienne est la principale cause du développement des enlèvements en Algérie, particulièrement après la décennie noire, ont estimé des juristes qui insistent sur la nécessité de «la révision du système scolaire, social, moral et religieux» pour l'élimination de ce fléau. Les auteurs d'enlèvements et d'atteintes à la pudeur, qui se sont multipliés ces derniers temps en Algérie, tels les incestes, «sont les jeunes dont l'adolescence a coïncidé avec la décennie noire, ou en raison de la propagation de chaînes de télévisions étrangères diffusant des programmes de basse moralité ou incitant à la violence», ajoutent les mêmes spécialistes. Ces derniers divergent, cependant sur la «peine maximale» qui devrait sanctionner le kidnapping pour mettre un terme à ce genre de crime. A ce propos, l'universitaire et juriste Hocine Bouchina, a estimé que les opérations d'enlèvement «sont une sorte de pulsions isolées qui se manifestent sous l'effet de la vengeance, et traduisent une situation de dépravation des mœurs». S'agissant du durcissement de la peine à l'encontre d'un auteur d'enlèvement, le professeur Bouchina estime que «ce n'est pas là la meilleure solution» pour éradiquer ce phénomène, soulignant que l'expérience a démontré que «plus la peine sera lourde, plus le crime s'amplifie». Il a ajouté dans ce sillage que «le législateur, lorsqu'il a durci la peine relative au trafic de la drogue, ce phénomène s'est accentué, idem pour le code de la circulation qui a été révisé et pris la forme d'un ‘'code pénal bis'', mais malheureusement les accidents de la route n'ont fait qu'augmenter». «Le meilleur remède pour éliminer ce phénomène réside essentiellement dans la révision du système éducatif, social, moral et religieux», a-t-il indiqué, faisant observer que «la société civile joue un rôle fondamental dans ce domaine». Toutefois, Me Sadek Chaib, avocat à la Cour suprême, souligne, quant à lui, que la solution serait «d'imposer une sanction sévère et exemplaire à l'encontre du kidnappeur, voire même l'isoler dans sa cellule de prison en le privant d'une libération conditionnelle quelles que soient les causes». Me Chaib a affirmé que «l'emprisonnement à vie» doit être la peine qu'il faut infliger à ce genre de criminels, mais pas la «peine capitale», justifiant ses propos par le fait que «l'application de la peine de mort» serait un service rendu au criminel. Pour ce qui est de l'enlèvement assorti d'une demande de rançon, Me Chaib a souligné qu'une grande partie des familles des victimes d'enlèvements «paient la rançon pour obtenir la libération de leurs enfants sans recourir aux services de sécurité», appelant à «durcir la peine contre le payeur de la rançon, dans la mesure où il encourage le kidnappeur à récidiver». Me Khaled Bourayou a indiqué, pour sa part, que l'escalade du phénomène d'agressions contre les personnes dénote la dégradation des valeurs sociales et morales en Algérie. «La solution pour remédier à ce phénomène, notamment lorsqu'il s'agit d'enfants, est d'imposer de lourdes peines à l'encontre des criminels pour qu'ils servent d'exemples à d'autres», a estimé Me Bourayou pour qui «les peines doivent évoluer en fonction des crimes, à l'instar des crimes d'atteinte à la pudeur».