Quatre ans après son fameux discours du Caire, Barack Obama revient au Moyen-Orient sans avoir autant d'ambitions. Le rêve a cédé la place au pragmatisme. La nouvelle tournée d'Obama sera beaucoup plus celle du renouvellement des alliances américaines connues dans la région sans pour autant faire d'annonces aussi tonitruantes qu'en 2009. M. Obama ne pouvait donc entamer sa première tournée à l'étranger depuis le début de son second mandat, sans avoir Israël, pays allié par excellence des Etats-Unis, comme première escale de son périple. Si l'arrivée au pouvoir de M. Obama avait soulevé l'espoir de voir les Etats-Unis s'impliquer à nouveau dans le processus de paix israélo-palestinien, son bilan est particulièrement maigre, toutes ses tentatives de relance ayant échoué. Aujourd'hui, pas plus qu'hier, Obama ne pourra imposer à l'Etat sioniste une feuille de route. Les Israéliens qui s'obstinent à poursuivre leur politique expansionniste en dépits de toutes résolutions onusiennes et de la réprobation internationale, ne veulent rien concéder. Aussi la Maison Blanche ne prévoit pas d'initiative particulière en la matière. Pendant ce périple de quatre jours, il aura aussi se rendre dans les territoires palestiniens et en Jordanie. «Mon objectif lors de ce voyage est d'écouter», a affirmé M. Obama, jeudi dans un entretien à une télévision israélienne. Des rencontres sont prévues avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et son Premier ministre Salam Fayyad. Selon des médias américains, M. Obama a affirmé en privé à ses interlocuteurs de la communauté juive que les conditions d'une relance du processus de paix ne seraient pas réunies tant qu'Israéliens et Palestiniens ne seraient pas eux-mêmes prêts à discuter. L'environnement géopolitique ne joue pas non plus en faveur d'une telle initiative, d'où le scepticisme général. «Je pense que l'administration (américaine) a gaspillé trois années importantes après Le Caire», affirme Marwan Moasher, ancien chef de la diplomatie jordanienne. «Ils ont donné un espoir sans précédent, et les résultats n'ont pas suivi». En outre, avec le printemps arabe, «il y a beaucoup de forces en mouvement et de tendances que les Etats-Unis ne sont pas en mesure de contrôler ou d'influencer», estime Haïm Malka, spécialiste de la région au groupe Csis de Washington. La Maison Blanche dément que l'intervention du Caire ait été invalidé par les événements qui l'ont suivi. Ce discours «a posé des bases solides en ce qui concerne la vision du président» dans la région, explique le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes, en concédant que seule une partie des objectifs a été réalisée. R. I.