Photo : Riad Par Bahia Aliouche L'Algérie constitue un atout réel pour les investisseurs qataris. Elle offre une opportunité unique, de se positionner et de se déployer sur les marchés des pays du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne ainsi que des pays de l'Europe. Cet atout a incité l'intérêt des hommes d'affaires qataris à venir investir en Algérie. La règle des 59/41% n'est pas conçue comme un obstacle par les hommes d'affaires qataris qui tiennent à avoir leur part du gâteau de l'embellie financière de l'Algérie. Les Qataris ont, à maintes reprises, affiché leur détermination à exploiter tous les moyens pour conférer aux relations de coopération bilatérale un aspect «exemplaire» dans l'intérêt des deux peuples. Une coopération bilatérale renforcée davantage cette semaine à l'occasion de la visite de travail officielle du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Doha. Une visite ponctuée par plusieurs accords dans le domaine de l'industrie, des TIC, de l'énergie et des mines. Il s'agit notamment de l'accord portant réalisation d'un complexe sidérurgique à Bellara, dans la wilaya de Jijel avec une capacité de production à terme de 5 millions de tonnes/an. L'investissement va coûter deux milliards de dollars dans une première phase et permettra de produire deux millions de tonnes d'acier par an à partir de 2017, une production qui va s'élever progressivement à cinq millions de tonnes, selon les termes du contrat signé par les partenaires de ce projet, regroupés en société mixte. Le capital du complexe sera détenu à 51% par l'entreprise Sider et le Fonds national de l'investissement (FNI) et à 49% par Qatar International, une joint-venture entre Qatar Steel et Qatar Mining. Le futur complexe de Bellara, qui devrait générer quelque 2 000 emplois, devrait augmenter la production nationale de produits sidérurgiques, d'autant que les importations de ce produit stratégique pour l'économie algérienne sont annuellement d'environ 10 milliards de dollars, soit 20% du montant global des achats à l'international de l'Algérie. Dans le domaine de l'énergie, Alger et Doha confirment leurs intentions de créer des projets de partenariat durables et des sociétés mixtes dans plusieurs filières, dont le transport maritime de gaz, la production d'engrais et produits chimiques et pétrochimiques. A Doha, les deux pays ont ainsi signé trois accords. L'un porte sur l'acquisition de deux méthaniers de transport de GNL d'une capacité de 117 000 m3 chacun avec un coût global de 450 millions de dollars. La Sntm-Hyproc, filiale de Sonatrach représente la partie algérienne, alors que le Qatar est représenté par les sociétés Qatar petroleum et Qatar gaz. En vertu de cet accord, l'Algérie exploitera le premier méthanier pour une durée de vingt ans. Le second navire fait encore l'objet de concertations entre les deux parties. L'Algérie et le Qatar, grands pays gaziers, veulent aussi asseoir un partenariat dans la pétrochimie. C'est dans cet objectif commun aux deux pays que le second accord signé dans ce domaine concerne la réalisation de deux usines d'engrais, la première pour la fabrication d'acide phosphorique à Oued Kebrit (Souk Ahras), la seconde à Hadjar Essed pour la production d'Ammonium. Le projet algéro-qatari de Oued Kebrit, dans la wilaya de Souk Ahras porte sur la réalisation d'un complexe d'engrais phosphatés et azotés. L'Algérie est représentée dans cet accord par les filiales Menal et Asmidal relevant du Groupe Sonatrach. Le Qatar et la Norvège représentent le partenaire étranger. Les usines dont le coût de réalisation s'élève à 3,5 milliards de dollars fourniront dès leur entrée en service (prévue en 2017) plus de 1 200 emplois directs. Le troisième accord porte sur la réalisation d'une unité d'ammoniaque pour la production d'acide nitrique, de nitrate d'ammonium et d'engrais azoté d'un coût global de deux milliards de dollars. L'accord a été signé par la filiale Asmidal (pour l'Algérie) et le groupe norvégien Yara. L'Algérie est l'un des principaux producteurs d'engrais dans le pourtour méditerranéen, et ambitionne de devenir un pôle mondial d'exportation de fertilisants, notamment avec la levée en 2012 de la taxe anti-dumping imposée par l'Union européenne sur les exportations de Fertial, une joint-venture entre le Groupe algérien Asmidal et le leader espagnol en la matière Villar Mir. Dans le domaine technologique, les deux parties ont signé un accord pour la réalisation d'un village logistique en collaboration avec GWC spécialisée dans la construction de pôles technologiques. Outre les projets en interne, les décideurs des deux pays projettent d'aller très loin puisqu'Alger et Doha envisagent d'investir des chantiers internationaux. C'est ainsi que l'Algérie a manifesté le désir de créer un fonds commun avec le Qatar pour des projets d'investissement à l'extérieur. Pour rappel, les Groupes qataris sont déjà présents en Algérie dans les hydrocarbures et la téléphonie mobile, à l'image de Wataniya Télécom Algérie, filiale de Qtel (Nedjma) et de Qatar Petroleum (QP).