Photo : Riad Par Amine Echikr Le président de l'audience, Antar Menouar, a décidé, hier en début d'après-midi, de «renvoyer le jugement en appel de l'affaire Khalifa à une session ultérieure en raison de problèmes de procédures». Il déclarera qu'en «raison de l'absence des actes de décès des prévenus Zerrouk Djamel et du défunt Barbara ainsi que l'absence d'autres accusés de l'audience, le jugement de l'affaire est reporté à une session ultérieure» et ordonnera la levée d'écrous pour les prévenus ayant fait l'objet d'une prise de corps. Dès l'entame du procès, il semblait clair pour un bon nombre d'avocats que l'affaire allait être reportée à une date ultérieure. En effet, après l'appel des inculpés et la constitution des défenses. Me Tahar Brahimi avait introduit un recours en raison de l'absence de son client, Aggoun El Hadi, du procès. Ce dernier, condamné pour recel, avait introduit un pourvoi en cassation qui n'avait pas été pris en compte par la Cour suprême dans un premier temps, puis un arrêt rectificatif a été établi. Ce dernier arrêt, pourtant notifié à la Cour de Blida, n'a pas été exécuté, selon les dires de Me Tahar Brahimi. Après une suspension de séance de 15 minutes, un débat s'est engagé entre le président de l'audience et le procureur Amine Boughaba, accompagné d'un effet de manche de Me Miloud Brahimi. La raison de ce débat qui influera fortement sur les conclusions du procès réside dans l'absence du certificat de décès de deux accusés, à savoir Zerrouk Djamel et M. Barbara. Pour le procureur l'absence de documents prouvant le décès des deux inculpés l'obligeait à les considérer comme absents de l'audience. «Pour que l'action de la justice s'éteigne, je dois avoir un certificat de décès au regard du Code civil», a-t-il expliqué. Le président de l'audience a expliqué que toutes les parties savaient que les inculpés cités étaient bel et bien décédés mais qu'il allait prendre en considération la position du procureur. A ce moment, Me Miloud Brahimi demande à prendre la parole. Avec sa verve habituelle, il interpellera le procureur en affirmant que «c'est la première fois que j'assiste à une poursuite contre des morts. Nous n'allons quand même pas les juger dans l'au-delà. Le tribunal a tout pouvoir pour apporter la preuve du décès et que l'on puisse avancer dans l'affaire». Après cette unique joute, la séance a été levée pour deux heures de délibérés avec comme résultat le renvoi de l'affaire en attendant que les manquements à la procédure soient levés. Auparavant, le juge avait également fait l'appel des parties civiles et des témoins. Une grande partie des parties civiles était absente de l'audience, notamment les Opgi de l'intérieur du pays. Il est à signaler qu'un avocat a introduit une demande pour une nouvelle constitution de partie civile en faveur de la Société nationale de géophysique. Cette dernière n'a été convoquée, ni comme partie, ni entendue lors de l'instruction ou du premier procès. Sa constitution en partie civile dépendra du magistrat qui aura à juger l'affaire lorsqu'elle se tiendra. Une grande partie des témoins étaient également absents de l'audience. Les ministres en exercice ou de l'époque ne se sont pas déplacés. Karim Djoudi, Mourad Medelci, Abdelmadjid Tebboune n'ont pas répondu à l'appel de leurs noms. Parmi les personnalités absentes, nous avons noté l'ex-ministre des Finances, Mohamed Terbache, Sidi Saïd Abdelmadjid, secrétaire général de l'Ugta, Bouguerra Soltani, président du MSP, Noureddine Bouterfa, P-dg du groupe Sonelgaz, Maâmar Djebbour, directeur de la rédaction de la Chaîne III, les frères Tahkout, Abdelmadjid Azzi, ancien président de la Fédération des retraités de l'Ugta ainsi que Boualem Merakech, président de la CAP. Seule personnalité en exercice à s'être présentée, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Le président de séance avait indiqué que «la présence des témoins, hauts responsables de l'Etat ou ministres en exercice n'était pas obligatoire à la première audience». Il ajoutera qu'ils «seront convoqués au fur et à mesure du déroulement du procès et que leur présence se fera en usant de tous les moyens que confère la loi au tribunal». La fin de séance se présentait comme un soulagement pour tous. Certains avocats déclaraient qu'ils n'étaient pas préparés, alors que d'autres jugeaient les magistrats comme n'ayant pas «le gabarit» pour juger ce genre d'affaires. Quoiqu'il en soit et malgré les sourires sur les visages des inculpés, l'attente du procès en appel risque d'être dure pour eux et pour leurs familles.