Le président français François Hollande entame aujourd'hui une visite d'Etat au Maroc censée conforter les bonnes relations entre les deux pays mais qui risque d'être ternie par le scandale de la mise en examen de l'ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, pour blanchiment de fraude fiscale. Les aveux de cet ancien pilier du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qui a reconnu, mardi, détenir depuis une vingtaine d'années un compte à l'étranger, a provoqué un énorme choc dans l'ensemble de la classe politique à Paris, éclaboussant l'exécutif. Hollande a lui-même condamné mardi «une impardonnable faute morale». Le Président français espère éviter que l'affaire Cahuzac ne pollue complètement les deux jours de sa visite d'Etat au Maroc. Mais au moment même où il entamera ses entretiens avec le roi Mohammed VI, se tiendra à Paris, à l'Assemblée nationale, la séance des questions au gouvernement où l'opposition, voire une partie de la gauche, devraient de nouveau monter au créneau pour réclamer des comptes au président de la République. Pour l'heure, le programme de la visite de deux jours de Hollande, suivie par un grand nombre de journalistes, reste inchangé : la France entend conforter «une relation de haut niveau» avec son premier partenaire au Maghreb, resté stable dans la tourmente des printemps arabes. Le Royaume chérifien avait peu apprécié que le nouveau président français réserve, il y trois mois, son premier déplacement en Afrique du Nord à l'Algérie. La visite du président français au Maroc sera marquée par la signature d'une trentaine d'accords et de contrats, en particulier dans le domaine des transports (ferroviaire, tramway, métro, ligne à grande vitesse), de l'agroalimentaire, du traitement de l'eau, et des énergies renouvelables. Il doit inaugurer une station d'épuration des eaux, dans le grand Casablanca, projet mené par la Lydec (Lyonnaise des eaux de Casablanca, filiale de GDF-Suez). Devant des chefs d'entreprises français et marocains, Hollande compte aussi développer l'idée de «co-localisation», sorte de partenariat entre entreprises françaises et marocaines censé générer des emplois dans les deux pays. Quelque 750 entreprises françaises, dont 36 des 40 entreprises du CAC 40, sont présentes au Maroc, selon les chiffres de l'Elysée. Il fera un discours devant le Parlement marocain, où probablement il devrait réaffirmer la position résolument pro-marocaine de la France concernant le Sahara occidental. Le Front Polisario a pour sa part appelé mardi la France à «réviser sa position» et de l'approcher de la légalité internationale. R. I.