Gare au réveil des trous noirs ! Ceux-ci peuvent s'avérer particulièrement gourmands au sortir de leur période de latence. Récemment, des astronomes de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) ont eu l'occasion d'observer l'un d'entres-eux qui, après une période d'inactivité de plusieurs décennies, s'est permis d'avaler une planète géante de type «super-Jupiter». Il semblerait que la malheureuse qui aura servi de goûter, se soit aventurée un peu trop près… L'événement s'est déroulé au sein de la galaxie NGC 4 845, située à près de 47 millions d'années-lumière de la nôtre, la Voie Lactée. Les chercheurs sont parvenus à le détecter à l'aide du satellite européen Intégral, un dispositif d'observation situé en orbite terrestre depuis 2002. L'observatoire spatial étudie les rayons gamma émis par des objets comme les étoiles à neutrons ou encore les supernovas. C'est d'ailleurs un peu par hasard que les chercheurs ont identifié, parmi les nombreuses données récoltées, les signes du réveil d'un trou noir. «L'observation était complètement inattendue de la part d'une galaxie qui a été tranquille pendant au moins 20 à 30 ans», explique Marek Nikolajuk, astrophysicien polonais et membre de l'équipe de recherche. Toutefois, cette heureuse découverte aura permis aux scientifiques d'enregistrer les émissions produites durant l'intégralité de la remise en activité du trou noir qui aura duré plusieurs mois. Trois mois pour attirer et avaler la planète. Les observations, publiées dans la revue Astronomy & Astrophysics indiquent que la planète gazeuse engloutie possède une masse près de 15 fois plus grande que celle de Jupiter. Il s'agit d'une des plus grosses exoplanètes détectées jusqu'à présent. Pas moins de trois mois auront été nécessaires au trou noir pour réussir à détourner la trajectoire de l'astre et l'avaler. Ce dernier, d'une masse 100 000 fois supérieure à celle du soleil, n'a pour le moment consumé que les couches externes de la planète soit 10% de sa masse totale. Ce qu'il en reste, à savoir un noyau plus dense, a été laissé en orbite autour du trou noir. Selon les chercheurs, un événement de ce type risque de se produire cette année au centre même de notre galaxie. Au menu du trou noir, pas la moindre planète ou naine brune mais seulement un nuage gazeux compact avec une masse deux à trois fois supérieure à celle de la Terre. M. L.