Cette année encore, la commémoration du mois du patrimoine à Oran est essentiellement consacrée à l'aspect matériel au détriment de l'immatériel qui n'arrive toujours pas à susciter l'intérêt des pouvoirs publics et celle des associations qui se consacrent à la défense et la préservation du patrimoine historique de la wilaya. Encore que les uns et les autres conviennent de l'importance de cette question si volatile mais tellement fondamentale à la mémoire collective. Ainsi, les programmes tracés, chacun de leurs côtés, par l'antenne de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés et les associations culturelles ont trait aux traditionnelles visites sur des sites archéologiques organisées à l'intention des Oranais désireux de (re)prendre connaissance des trésors historiques et de leur état, des balades à travers la ville et ses vieux quartiers, des tables rondes et conférences sur l'histoire des vestiges archéologiques, des opérations de nettoiement de sites ou encore des expositions picturales. Le point culminant de cette célébration devrait, naturellement, être l'incontournable méga randonnée centre-ville-Santa Cruz organisée par l'association Bel-Horizon- cette fois-ci en partenariat avec l'association Fard et l'Institut français- chaque 1er Mai depuis quelques années, qui rassemble désormais des milliers de participants de tous âges et de toutes les catégories sociales. Le patrimoine immatériel ne devrait «ravir la vedette» qu'à l'occasion de la présentation d'«Oran, une ville de fortifications», ouvrage de Bel-Horizon en collaboration avec l'APC d'Oran, le 20 avril au nouveau Centre culturel de l'APC, la balade sur le thème «Les repères camusiens d'Oran», le 11 mai, et les conférences organisées par le Centre de recherche anthropologique, sociale et culturelle (Crasc) autour de la bataille de Ghoualem et de certaines personnalités historiques de la wilaya. Et même si elles ont le mérite d'exister dans un environnement très peu porté sur l'immatérialité, ces manifestations restent toujours claquemurées dans des enceintes très académiques et ne sont pas toujours portées dans la rue, auprès de l'Oranais moyen. De même que les programmes ainsi élaborés à l'occasion ne font pas mention d'une quelconque activité organisée en direction des écoles qui restent, pourtant, le meilleur espace de sensibilisation-éducation des futurs citoyens de la ville. Pour autant, la commémoration 2013 enregistre une légère amélioration en termes d'activités autour du patrimoine immatériel comparativement aux précédentes années pendant lesquelles les manifestations (quand elles existaient) tournaient quasi exclusivement autour des vestiges historiques dont, il faut aussi le dire, la préservation et l'existence même étaient en jeu. S. O. A.