Le 4e Colloque international d'anthropologie et musique qui se tient dans l'oasis de Béni Abbés, dans le sud-ouest du pays, s'est penché sur la question de la valorisation du patrimoine matériel et immatériel. Cette problématique a été au centre des débats de la rencontre scientifique organisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah). Ayant pour thème cette année «Patrimoine de la Saoura : histoire et développement. De l'enquête de terrain à l'analyse des données», ce colloque a été l'occasion de traiter la question du devenir de notre patrimoine et cela a travers la participation d'une trentaine de chercheurs nationaux et étrangers, venus notamment du Canada, d'Allemagne, de Tunisie et du Soudan pour contribuer à la préservation du patrimoine matériel et immatériel de cette partie du sud du pays, a précisé le directeur de l'établissement organisateur, Slimane Hachi. La première séance des travaux a été consacrée à la présentation d'une communication de la chercheuse Mme Zahia Bencheikh Hocine, qui a axé sont intervention sur le projet «Musiques et danses traditionnelles du patrimoine algérien». Initié par le Cnrpah, ce projet s'est concrétisé par la réalisation de sept documentaires sur les musiques et danses traditionnelles des régions du sud-ouest, du Touat-Gourara, de l'Ahaggar et Tassili N'Ajjer, du Mzab, de Ouargla et Oued-Souf, des Hauts-Plateaux, de la Kabylie et de l'Atlas Tellien, a permis le renforcement du fond documentaire audio-visuel du même centre. Aussi, cette 4e édition du colloque a permis au directeur du Cnrpah d'annoncer que le dossier de candidature au classement de l'Ahellil au patrimoine immatériel mondial de l'Unesco est actuellement en cours d'examen par l'organisation onusienne. Le classement au patrimoine immatériel mondial de l'Ahellil, déjà classé au patrimoine immatériel national, «constituera sans doute un outil de protection et de préservation à jamais de ce patrimoine du Gourara», a indiqué Slimane Hachi, tout en rappelant qu'il s'agit d'une initiative entreprise conjointement par le Cnrpah et le ministère de la Culture. Toujours dans ce contexte, le centre a aussi procédé, sous la conduite de la chercheuse Maya Saïdani, à la numérisation de 850 bandes sonores magnétiques des enregistrements de genres musicaux traditionnels et populaires des différentes régions du pays (Centre, Est, Ouest, Sud-est, Sud-ouest et Extrême sud), a fait savoir le même responsable. «Cette opération est venue pour renforcer le fond documentaire de notre centre, dans le but de mettre ces enregistrements sonores à la disposition des chercheurs et autres universitaires concernés par la sauvegarde de notre patrimoine musical», a indiqué M. Hachi. Satisfait de ces nouveaux acquis, le responsable a affirmé que l'inscription de l'Ahellil (Gourara) et du costume féminin nuptial de Tlemcen au «Patrimoine culturel immatériel de l'humanité» a eu des conséquences positives sur la visibilité du patrimoine du pays. «La fierté que tirent les populations de cette inscription, notamment celles de Timimoune et de Tlemcen, et les Algériens d'une manière générale, est très grande», a t-il précisé, à ce sujet, Slimane Hachi. Le premier responsable du Cnrpah a également fait état, à l'occasion de ce colloque, du dépôt d'un dossier conjoint par l'Algérie, le Mali et le Niger, pour l'inscription également de l'Imzad au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Une louable initiative surtout que ce genre musical essentiellement pratiqué par des femmes targui est en péril en Algérie. Autre bonne nouvelle a annoncé, la préparation de dossiers de candidatures à l'inscription du même statut de différentes fêtes traditionnelles et populaires algériennes, à l'instar de la s'biba de Djanet et le Sboû du Gourara. Sont aussi candidats au même titre, le plat de couscous, la musique maghrébo-andalouse et des genres poétiques et musicaux, «Achouiq» propre à la région de la Kabylie et le Sraoui des Aurés. A ce propos, il convient également de réfléchir à la prise en charge de la musique et de la poésie diwane qui, pour l'heure, ne trouve qu'une relative attention grâce au festival national qui lui est dédié à Bechar. Il devient de plus en plus urgent de penser à la classification de ce genre musical aussi bien répandu en Algérie qu'au Maroc, en Tunisie (où il est connu sous le nom «stambali»), au Soudan et au Mali. D'ailleurs, la question a été soulevée à différentes reprises par les artistes adeptes de ce genre musical ancestral, surtout pour ce qui concerne les textes diwane qui doivent être traduits, transcrits et préservés. Par ailleurs, la 4e édition du colloque se poursuit jusqu'au 21 avril à la ville de Béni Abbés, wilaya de Bechar. En marge des travaux de ce colloque, plusieurs expositions sur les différentes facettes du patrimoine matériel et immatériel de la Saoura sont organisées au hall d'exposition du petit hôtel Rym qui abrite cette manifestation culturelle. W. M.