Secteur devenu stratégique par excellence, l'agriculture n'a pas fini de se restructurer, s'organiser et se développer en Algérie. Parallèlement aux actions techniques sur le terrain (modernisation des processus d'exploitation et de production, soutien et accompagnement des agriculteurs, structuration des filières de production…), les pouvoirs publics ont engagé une opération de réorganisation totale de l'exploitation des terres relevant des domaines de l'Etat. Ayant constaté, tardivement, qu'un bon nombre des terres attribuées pour des Exploitations agricoles individuelles (EAI) ou collectives (EAC) a été détourné, inexploité (laissé en jachère) et/ou sous-loué, l'Etat a décidé de les récupérer pour les redistribuer, en concession, à ceux qui veulent vraiment travailler la terre, contre présentation d'un dossier de demande de concession. Les agriculteurs intéressés sont tenus de présenter un dossier à l'Office national des terres agricoles (Onta) ou à une de ses antennes locales. L'opération de mise en concession est en cours à travers le pays. Dans la wilaya de Relizane, à l'ouest du pays, 6 658 dossiers relatifs au droit de concession d'exploitation de terres agricoles ont été déposés par les agriculteurs au niveau de l'agence locale de l'Onta, a indiqué cet organisme. Selon l'Office, depuis le début de l'année 2013 et jusqu'au mois d'avril, 5 295 dossiers déposés ont été étudiés et jugés conformes aux conditions juridiques, soit un taux de plus de 93%. 5 195 agriculteurs ont, par ailleurs, signé les cahiers de charges soumis par l'Onta, et qui leur permettent de bénéficier des avantages consacrés par l'Etat au secteur agricole, dont le soutien aux facteurs de production. D'autre part, plus de 4 000 dossiers étudiés et conformes aux conditions légales ont été adressés à la Direction des domaines publics pour les procédures de publicité foncière, la rédaction de nouveaux actes de concession devant être remis aux bénéficiaires. 2 067 agriculteurs ont reçu leurs actes à ce jour. La superficie globale des terres agricoles de la wilaya concernée par la loi portant reconversion du droit de jouissance en concession est estimée à 71 000 hectares. Cette réorganisation, qui, dans certains cas, prend les allures d'une inutile remise à plat dont on aurait fait l'économie si on avait opté pour l'étude au cas-par-cas, et d'autres procédures d'organisation sont souvent mal cernées, par ceux qui sont censés en bénéficier, ce qui oblige les pouvoirs publics à faire œuvre de pédagogie pour expliquer et expliciter sa politique. L'exemple nous est donné par la rencontre d'information et de concertation qui a été organisée, jeudi dernier à Adrar, pour décortiquer les nouveaux mécanismes de développement de l'agriculture. Au cours de cette rencontre qui a regroupé des représentants des ministères des Ressources en Eau et de l'Agriculture et du Développement rural ainsi que de nombreux jeunes détenteurs d'un titre de concession agricole, le wali d'Adrar, Abdelhafidh Saci Ahmed, a passé en revue les différentes mesures engagées localement pour encourager les jeunes ayant bénéficié de 700 parcelles de terre au niveau d'un périmètre agricole, à investir le secteur agricole. Le premier responsable de la wilaya a également évoqué le soutien apporté par les institutions chargées du financement des projets, dont les dispositifs d'emploi et les banques locales, avant de signaler que plus de 30 projets agricoles ont été avalisés jusqu'ici par les dispositifs d'emploi et des institutions financières. Quant aux concernés, ils auront, eux, d'autres doléances à présenter. Ils poseront notamment les problèmes de l'électrification des périmètres agricoles, la mobilisation des eaux d'irrigation et l'ouverture de pistes agricoles, qui leur permettraient d'optimiser les rendements et, pour ce qui concerne les pistes, faciliteraient le transport de la production. Certains intervenants demanderont l'extension de l'exploitation à un nouveau périmètre dans la daïra de Zaouiet Kounta alors que pour d'autres il faudrait d'abord aménager et équiper les périmètres agricoles avant de songer à l'attribution des parcelles de terre, cela pour permettre aux jeunes exploitant d'entrer de plain-pied dans l'exploitation, avec possibilité d'optimiser les rendements. D'autant plus que la région est connue pour ses grandes capacités de productions, tous types d'agricultures. R. C.
Pour un marché agricole arabe Le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), Mohamed Alioui, a appelé, jeudi dernier à Tunis, à la nécessité de réfléchir aux grandes lignes d'un marché arabe d'échange des produits agricoles et à favoriser les produits arabes sur les produits occidentaux. Intervenant aux travaux de la session extraordinaire du Conseil central de l'Union générale des agriculteurs arabes, M. Alioui, également président en exercice de l'Union maghrébine des paysans, a estimé nécessaire de définir des cadres juridiques et réglementaires pour permettre l'échange de produits agricoles entre les pays arabes et éviter l'importation de produits disponibles sur le marché arabe. La réglementation actuelle «ne répond» plus aux nouvelles organisations régionales et internationales, «ce qui nécessite de réfléchir sur l'importance de participer» aux différents rassemblements régionaux et internationaux, afin de tirer profit des différents programmes internationaux visant à asseoir le développement durable dans le domaine agricole, a-t-il dit. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération dans le domaine agricole qui est devenu plus qu'impérative.