Le régime syrien a annoncé mercredi qu'il allait cesser de coopérer avec Lakhdar Brahimi en sa qualité d'émissaire de la Ligue arabe, dont il conteste la légitimité, mais qu'il serait prêt à travailler avec le diplomate algérien uniquement en tant que médiateur de l'ONU. «La Syrie a coopéré et coopérera avec M. Brahimi en tant qu'envoyé de l'ONU seulement, car la Ligue arabe fait partie du complot contre la Syrie», a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué repris par les médias officiels. La Ligue arabe a décidé d'attribuer fin mars le siège de la Syrie à l'opposition, provoquant la fureur de Damas. Les Affaires étrangères syriennes s'en sont pris au médiateur, mandaté conjointement par l'ONU et la Ligue arabe, dénonçant un manque de neutralité de la part de M. Brahimi : «Le compte-rendu de M. Brahimi (le 19 avril) devant le Conseil de sécurité a été caractérisé par l'ingérence dans les affaires internes de la Syrie et l'absence de neutralité que suppose sa mission de médiateur international.» Selon des diplomates, M. Brahimi a jugé que le président Assad, qui a récemment laissé entendre qu'il pourrait se représenter à l'issue de son mandat en 2014, n'était «pas disposé au dialogue». L'émissaire a également suggéré au Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes à destination de tous les belligérants en Syrie lorsqu'il s'est adressé au Conseil vendredi dernier, a révélé hier, un haut responsable de l'ONU. Selon la même source, «il a réitéré l'appel du Secrétaire général (Ban Ki-moon) à stopper le flot d'armes à destination des deux camps en Syrie et a invité le Conseil à envisager un embargo sur les armes», a déclaré le secrétaire général adjoint pour les affaires politiques Jeffrey Feltman. Il s'exprimait lors d'un débat au Conseil sur la situation au Proche-Orient. «Nous attendons de M. Brahimi, s'il veut le succès de sa mission, qu'il commence à travailler à l'arrêt des violences et du terrorisme avec les parties concernées et qu'il expose le rôle que jouent la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite qui financent et arment les terroristes du Front Al-Nosra», a indiqué le ministère syrien. Ce front a annoncé récemment qu'il a rallié la nébuleuse terroriste Al Qaïda. Les Occidentaux qui soutiennent l'opposition armée, ne veulent pas se prononcer sur la question. Ils affirment que c'est le Conseil de sécurité qui en discutera en septembre prochain. R. I.