La situation est de plus en plus intenable en Syrie. Entre 10 000 et 15 000 enfants ont été tués dans les violences en Syrie depuis le début du conflit. L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, veut démissionner en raison des obstacles sur lesquels a buté sa mission. Jusqu'à 20 000 mercenaires opèrent en Syrie, recevant de l'argent provenant du trafic de drogue afghan. Cela, sans oublier le sort des réfugiés. Le peuple syrien est-il condamné à subir une guerre qui n'est pas la sienne ? En effet, un responsable de la Chaîne de l'espoir, une ONG française spécialisée dans les soins aux enfants démunis, a indiqué jeudi que sur les plus de 70 000 morts recensés par l'ONU dans le conflit syrien, «environ la moitié sont des civils. Parmi ces civils, il y a 30 à 40% d'enfants, soit 10 000 à 15 000 enfants». Le vice-président de l'association, Philippe Valenti, a effectué récemment une mission en Jordanie, ce pays limitrophe de la Syrie qui accueille quelque 400 000 réfugiés syriens. «J'ai examiné 65 enfants (syriens), dont les deux tiers étaient des blessés de guerre : ils avaient soit sauté sur une mine, soit été touchés par un sniper», a ajouté le médecin. Cet afflux massif, en Jordanie comme dans les autres pays limitrophes de la Syrie, pose de graves problèmes humanitaires et des risques de déstabilisation interne des pays concernés. La Jordanie a ouvert mercredi dernier un deuxième camp pour les réfugiés syriens afin de faire face au nombre croissant de Syriens fuyant les violences dans leur pays. L'Autriche menace de se retirer du Golan Face à cette situation, l'Autriche n'écarte pas de retirer son contingent de paix déployé en Syrie si l'Union européenne commence à fournir des armes à l'opposition syrienne, a annoncé le ministre autrichien des Affaires étrangères Michael Spindelegger dans une interview au quotidien israélien Jerusalem Post publiée hier. Le chef de la diplomatie autrichienne s'est déclaré préoccupé par la position de certains pays européens, dont la Grande-Bretagne et la France, qui proposent de lever l'embargo européen sur les armes à destination de la Syrie. Cet embargo arrive à échéance le 31 mai. L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, pourrait également démissionner au cours de la semaine prochaine, a écrit hier le quotidien libanais As-Safir, se référant à des sources diplomatiques au Qatar. M. Brahimi a abordé le sujet de sa prochaine démission à l'issue du dernier sommet de la Ligue arabe, tenu les 26 et 27 mars dernier à Doha. Lors de cette rencontre regroupant 16 dirigeants arabes, il a été décidé d'octroyer le siège de Damas au sein de la Ligue à l'opposition et d'armer les insurgés tenant tête à l'armée régulière, a indiqué le journal. Dans sa demande de démission, le médiateur évoquera les obstacles sur lesquels a buté sa mission, précise la source. M. Brahimi occupe le poste d'émissaire spécial pour la Syrie depuis septembre dernier. Diplomate chevronné, M. Brahimi est malheureusement bloqué par certains pays occidentaux et arabes qui veulent imposer une solution militaire au conflit syrien à travers le soutien aux «rebelles» et à «l'opposition» créée à l'étranger dans le but de renverser le président Bachar Al Assad. L'argent provenant du trafic de drogue afghan au service des groupes armés Dans ce contexte, le directeur du Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants (FSKN) Viktor Ivanov, a déclaré que «jusqu'à 20 000 mercenaires opérant en Syrie sont financés avec l'argent provenant du trafic de drogue afghan». «Les groupements criminels transnationaux sont en mesure de financer avec l'argent de l'héroïne l'afflux d'un grand nombre de criminels et de mercenaires de différents pays vers n'importe quel point du monde. Entre 15 000 et 20 000 mercenaires [financés par ces moyens] sont déployés en Syrie, où ils déstabilisent le pays», a déclaré le responsable russe lors d'une rencontre avec une délégation de l'Université militaire pakistanaise chargée du développement de la coopération bilatérale dans le domaine de la lutte antidrogue. M. Ivanov a en outre ajouté que ce sont des groupes criminels transnationaux, et non les talibans afghans, qui représentaient le plus grand risque pour les pays voisins. Dans ce contexte, la Syrie a dû appeler, jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU à sanctionner le Front Al-Nosra, groupe terroriste qui a déclaré il y a quelques jours son adhésion au réseau Al-Qaïda. Le gouvernement a demandé à l'ONU de classer le groupe sur sa liste noire des entités et individus liés au réseau terroriste. La demande formulée par le ministère des Affaires étrangères fait référence aux résolutions 1267 et 1989 qui prévoient des sanctions comme un gel des avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes. Le ministère syrien a souligné dans un communiqué avoir «régulièrement averti l'ONU sur les liens entre les groupes terroristes armés et Al-Qaïda, ainsi que sur les crimes du Front al-Nosra». Les Affaires étrangères syriennes ont demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur les «Etats qui soutiennent le terrorisme en Syrie, pour qu'ils cessent leurs activités illégales», en référence notamment à la Turquie, à l'Arabie saoudite et au Qatar. Ces pays sont accusés par Damas d'abriter et de financer les «rebelles». La question mérite d'être posée : à quand la fin de ce conflit meurtrier en Syrie ?