En rencontrant hier à Damas le chef de l'Etat syrien, l'ancien chef de la diplomatie algérienne a donné une nouvelle tournure à sa mission, qu'il refuse qu'elle soit une copie de son prédécesseur, Kofi Annan. À la suite de son entrevue avec Bachar al-Assad hier, le médiateur onusien a mis en garde sur les conséquences de la crise syrienne, à laquelle il a donné une autre dimension en la qualifiant de “menace pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde." “La crise est dangereuse, elle s'aggrave et elle représente une menace pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde", a souligné le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe aux journalistes dans un hôtel de Damas. Précisant que “le gouvernement syrien a promis d'aider le bureau (du médiateur) à Damas pour qu'il mène à bien son travail", Lakhdar Brahimi a ajouté : “Nous allons faire de notre mieux pour aller de l'avant et pour mettre tous nos efforts et nos possibilités en vue d'aider le peuple syrien." Dans cette perspective, il a indiqué : “Nous allons être en contact avec les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien." Il va falloir donc rapprocher les positions des uns et des autres, car les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et les pays du Golfe ainsi que la Turquie réclament le départ du président al-Assad, alors que l'Iran, la Russie et la Chine, alliés de Damas, sont favorables à une transition politique sans exiger le départ du chef de l'Etat syrien. En réponse aux propositions de l'émissaire de Ban Ki-moon, Bachar al-Assad a répondu en appelant à un dialogue inter-syrien, selon la télévision syrienne. Il a affirmé que “le véritable problème en Syrie c'est de combiner l'aspect politique et le travail sur le terrain. Le travail sur l'aspect politique se poursuit, notamment par un appel à un dialogue centré sur les aspirations du peuple syrien." Le président syrien a estimé que “le succès de l'action politique dépend des pressions sur les pays qui financent et entraînent les terroristes et font entrer des armes en Syrie, afin qu'ils cessent de le faire." Bachar al-Assad a assuré que son pays “coopèrera totalement avec tous ceux qui œuvrent sincèrement et de manière neutre et indépendante pour résoudre la crise", lors de l'entretien auquel ont participé le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem et la conseillère présidentielle Bouthaïna. Quant à l'opposition syrienne, certains de ses membres, tolérés par le régime de Damas, avaient indiqué vendredi que Lakhdar Brahimi, mandaté par la Ligue arabe et l'ONU, devrait “améliorer" le plan de paix de son prédécesseur pour le rendre plus opérationnel. “Ce que les Syriens espèrent, c'est que les expériences passées ne se répètent pas et que la mission de M. Brahimi ne soit pas une copie conforme de celle de M. Annan", commentait samedi le quotidien officiel As-Saoura dans un éditorial. Le même journal a ajouté que “les expériences passées étaient teintées de positions équivoques et ambiguës (...) qui n'ont pas été bénéfiques pour la mission." “Les Syriens ne réclament pas (de M. Brahimi NDLR) des miracles mais ils lui demandent bien sûr de la crédibilité et de l'impartialité pour qu'il ne se heurte pas aux obstacles rencontrés par son prédécesseur, et qu'il ne soit pas pris par le tapage médiatique et les calomnies", a souligné le journal, qui a conclu par : “Les Syriens sont plus que jamais soucieux qu'il réussisse sa mission". M T