La formation. Un mot qui revient dans toutes les discussions ou l'éternel débat. Ces dernières années, ce n'est pas nouveau, l'Algérie du sport, en manque de repères, ne forme plus et fait du surplace. N'avance donc pas, recule fatalement. Devenu dépendante des connaissances étrangères, voire des formateurs importés, quand ce n'est pas carrément des joueurs qui ont fait leur graduations et toutes leurs classes dans d'autres équipes nationales, le sport algérien (remarque surtout valable pour l'EN de football), ne trouve pas sa voie pour rebondir. Un mouvement sportif au bord du gouffre, en plein dans la crise. Comme si l'Algérie avait perdu ses talents, ses enfants. Comme si l'Algérie n'avait jamais eu de champions. L'héritage sportif qui a suivi les réformes sportives lors des années 70 est dilapidé et a disparu au fil du temps. Un passé qu'on pleure et un futur dont on a peur. La peur de ne plus pouvoir avancer malgré les moyens humains et financiers colossaux dont l'Algérie dispose. Le sport en Algérie reste dépendant des qualifications d'outre mer ou d'ailleurs, avec un rendement parfois proche de zéro. Absolument rien ou presque, en termes d'apport. Et pourtant, l'Algérie a ses enfants, possède des compétences. De grandes personnalités qui ont hissé très haut le drapeau algérien dans différentes manifestations sportives. Parmi les noms les plus en vue, on citera à titre d'exemple, Rabah Saâdane et Aziz Derouaz qui seront, à des périodes données, les figures de proues du football et du handball algérien respectivement. Le premier a drivé l'Algérie lors de trois Coupes du monde, dont une dernière en 2013 tandis que le second a permis au jeu à «sept» national de remporter 5 titres continentaux consécutifs. Des performances que retiendra, on n'en doute pas, l'histoire. Entrés définitivement dans le livre d'or d'un sport algérien qui a toujours pu et su compter sur tous ces hommes qui viennent du même milieu mais qui sont surtout les produits du même établissement : l'ex-Institut supérieur des technologies des sports, devenu l'ENS/STS. Une école nationale supérieure sous tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur mais qui dépend du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). De ce fait, l'ENS/STS est astreinte à suivre les procédures du ministère de l'Enseignement supérieur en termes de formation et de conditions d'admission. L'ISTS pour repartir du bon pied S'étalant sur plus de 17 hectares, l'école est dotée de toutes les commodités nécessaires pour bien remplir le rôle de pourvoyeur unique de ces encadreurs dont l'Algérie manque tant. Des terrains extérieurs de football, volley-ball, basketball, gymnases (au nombre de huit), des cabinets méthodologiques et des blocs d'hébergement (deux pour une capacité de 528 lits) pour les internes, constituent le plus gros d'une superbe infrastructure disposant d'un magnifique terrain pour le jeu à onze doté de gazon synthétique qui ne laisse pas indifférent le visiteur. Par tous les temps. Même quand il pleut des cordes. Pour vérifier de visu la bonne nouvelle, une information enfin confirmée : un système de drainage qui fonctionne à merveille, contrairement à beaucoup de stades du pays accueillant des matchs de Ligue1. Ce que nous confirmait, lors d'une récente virée sur les lieux, un agent qui nous a servi de guide en nous informant, par exemple, que le président de la Fédération algérienne de football a affirmé en personne que le travail accompli sur ce terrain était excellent, jugeant même qu'il était, de loin, meilleur que la pelouse du 20-Août ou celle d'Omar-Hamadi de Bologhine. Tout est mis donc à la disposition des étudiants qui seront peut-être les Boualem Charef (entraîneur de l'USM El-Harrach) et Larroum Boualem (DTN de football) de demain. Purs produits de l'établissement, ces deux «références» inculquent, en plus de leurs fonctions sur le terrain (l'USMH pour le premier, la DTN pour le second) leur savoir à ceux qui seront peut-être les futurs éducateurs de nos futurs grands noms. Que de bons points, voire de bonnes nouvelles quand on sait que pas moins de onze (11) maîtres conférenciers répartis sur deux catégories A et B (ceux qui ont soutenu leur doctorat) épaulés par 58 maîtres assistants, ou ces mêmes conseillers du sport, contribuent à l'enseignement dans les 10 salles de cours que compte l'école et distillent leur savoir à des dizaines d'étudiants bénéficiant d'un amphithéâtre de 274 places et suivant une formation dans pas moins de 17 spécialités entre sports collectifs et individuels, sports de combat et nautiques compris. Avec, au bout d'une formation de qualité débouchant sur un diplôme de conseiller du sport après 5 années d'études, avec des critères d'accès variant d'un niveau à l'autre, les athlètes d'élite, titulaires du baccalauréat et les licenciés en EPS (Education physique et sportive) étant par ailleurs exempts du concours d'admission, tandis que les candidats postulant pour une place dans cette école hors universitaire doivent se soumettre au test, y compris les anciens étudiants du lycée sportif de Draria. Les potentiels infrastructurel et humain de cet institut, devenu école, n'a à cet effet rien à envier à d'autres pays du continent, voire même à des nations où l'ont dispose de moyens largement inférieur mais où les éducateurs sportifs réalisent des prouesses avec des moyens rudimentaires, à l'instar de la Jamaïque par exemple, devenu pays des sprinteurs, qui s'improvise des machines de musculations dans leurs centres d'entraînements.
Menad, Charef et Bouchekriou: les rescapés Ils ne sont pas jeunes, mais ils sont les derniers à avoir fait leurs preuves. Une génération qui se fait vieille mais qui n'a encore pas trouvé à qui donner le relais. Champions d'Afrique avec les Verts en 1990, le seul sacre continental remporté par le défunt Kermali et sa troupe, Djamel Menad est devenu aujourd'hui un technicien chevronné. Il est le seul, avec son compatriote Boualem Charef, à avoir pu mener son équipe sur le podium actuel de notre championnat national de football. Techniciens du MC Alger et de l'USM El-Harrach respectivement, les deux hommes sont diplômés de l'ex-ISTS et possèdent le bagage pour. Aujourd'hui, ils démontrent que cette ancienne structure, qui reste quand même une référence dans le domaine, peut former des techniciens qui n'ont rien à envier à ceux qui viennent de nos jours s'en mettre plein les poches juste parce qu'ils viennent d'ailleurs et n'apportant rien. Toujours avec le ballon rond, mais cette fois avec la petite balle, le sélectionneur national sortant, Salah Bouchekriou, est un pur produit sortant de la bâtisse trônant sur les hauteurs d'Alger, du côté de l'ex-Chevalley. Le désormais ancien responsable de la barre technique de l'EN de handball s'est aussi construit une réputation dans le monde d'une discipline qui a souvent réussi à l'Algérie dans le concert des nations, et dont les succès ont toujours été l'œuvre d'une équipe 100% algérienne même au niveau du staff technique. Avant lui, Aziz Derouaz, aujourd'hui président de la FAHB, toutefois contesté par l'IHF et qui doit repasser par les urnes pour conserver son fauteuil, avait démontré la valeur des produits de l'ex-ISTS en écrivant l'épopée d'or de la discipline entre 1981 et 1989 et ses 6 étoiles continentales. Entre les succès d'hier et les déconvenues d'aujourd'hui, les choses ont beaucoup changé. Des insuffisances, des dommages collatéraux conséquents à un processus de formation enrayé. Privilégier les gens qui viennent d'ailleurs et ne pas donner la chance aux enfants du pays. A tous ceux qui ont été forgés dans le sport algérien et qui connaissent mieux que quiconque les mentalités et ce dont l'entourage sportif a besoin. En attendant, les promotions de l'ISTS peinent à satisfaire les besoins du sport en matière d'encadreurs, techniciens (ne parlons pas des kinésithérapeutes, nutritionnistes, médecin du sport… et qui se comptent sur «les doigts d'une seule main»). Lors de sa dernière sortie médiatique qui a suivi les rencontres bilatérales entre sa tutelle, le MJS, et les différents présidents des fédérations, M. Mokhtar Boudina a indiqué que la tutelle a mis 415 directeurs méthodologiques à la disposition des 42 instances du sport algérien. Un nombre qui demeure insuffisant par rapport aux exigences du sport de haut niveau. Pour relancer le processus de formation, il faudra d'abord former des personnes qualifiées et en mesure de réaliser cette poussée qualitative tant attendue pour le sport algérien. Le temps presse et l'Algérie n'avance pas. Ne cesse de régresser. L'Algérie du sport, c'est certain, pourrait faire mieux qu'à l'époque des réformes des années 70. Il faudra mobiliser les moyens adéquats. Pas seulement financiers. Mais tout ça reste, hélas, au conditionnel. M. T