Photo : M. Hacène Par Mohamed Touileb Sur les hauteurs d'Alger, du côté de l'ex-Chevalley, l'ex-ISTS (rebaptisé ENS/STS) tient toujours debout. En véritable pilier du sport national, cet ancien institut, devenu une école supérieure portant le nom de Rachid Harraïgue, tente de subvenir aux besoins du sport algérien en cadres techniques. Entre le manque flagrant d'infrastructures et de compétences, l'ENS/STS peine à supporter le poids. Alors que l'Algérie a souvent fait appel aux connaissances étrangères ces dernières années en matière de techniciens, l'ENS/STS (plus connu sous le nom de l'Ists), une des écoles les plus réputées en matière de productions de conseillers de sports, peine à combler le déficit grandissant en la matière auquel fait face l'Algérie depuis un bon bout de temps déjà. L'Ecole nationale supérieure des sciences et technologies du sport (le nom qu'elle porte depuis 2010 date du changement officiel de son intitulé) représente un véritable joyau du sport national. Après l'indépendance, les responsables ont fait construire ce petit bijou sur les hauteurs d'Alger pour mettre en place les premiers piliers d'une politique sportive qui avait donné les résultats que tout le monde connait. A cette (belle) époque, le produit local était d'une excellence dont nul ne peut nier la compétence ni l'expérience. En 1975, le Centre national des sports (CNS) a été créé par substitution au Centre national d'éducation physique sportive d'Alger (Cneps) avant que la dénomination ne soit changée, quatre années plus tard, en Institut des sciences et de la technologie du sport (ISTS) avec toute la modification de l'organisation et du fonctionnement qui ont suivi.
Nouvelle formule, nouveaux critères L'Institut a été rebaptisé en 1988 en Institut national de formation supérieure en sciences et technologies du sport (Infs/STS). Comme dit le fameux dicton «Jamais deux sans trois» et pour la première fois depuis sa création, ce qui était un centre est devenu une Ecole supérieure en sciences et technologies du sport (ENS/STS) et ce, depuis 2011. Une école supérieure qui propose deux filières, celle de l'entraînement sportif et une autre liée au management du sport. On peut aussi y suivre des études en biologie et en psychologie appliquées aux activités sportives. Pas moins de 17 spécialités entre sports collectifs et individuels peuvent être suivies, sports de combat et nautiques compris. Cette formation débouche sur un diplôme de conseiller du sport après 5 années d'études avec des critères d'accès qui varient. En effet, les athlètes d'élite, titulaires du baccalauréat et les licenciés en EPS (Education physique et sportive) sont exempts du concours d'admission tandis que les candidats postulant pour une place dans cette école hors universitaire doivent se soumettre au test, y compris les anciens étudiants du lycée sportif de Draria (?). Le directeur de l'ENS/ STS, le professeur Bentoumi Abdenacer, explique la démarche : «Depuis que l'institut a été érigé en école hors universitaire, les anciens pensionnaires du lycée sportif de Draria sont obligés de passer le concours afin de garder le sens d'école d'excellence et d'uniformiser les critères d'accès» avant d'enchainer et de préciser : «Nous avons une tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur mais on dépend du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) ce qui fait, donc, qu'on est astreint à suivre les procédures du ministère de l'Enseignement supérieur en termes de formation et de conditions d'admission.» Un avantage, donc, pour les athlètes d'élite mais, surtout, pour les licenciés en EPS qui peuvent suivre une spécialisation en deux années au niveau de l'institut alors que les autres suivent une procédure de 5 années. Les raisons de ces choix et cette nécessité de former des conseillers des sports sont liées, selon le premier responsable de l'école, à des considérations pratiques : «On doit faire face aux besoins très urgents en matière de conseillers du sport dans le secteur au niveau national qui est estimé à 25 000 éléments, raison pour laquelle on intègre ces conseillers en fin de cycle. Seulement, l'établissement peine à répondre à cette demande, du moins pour le moment. Les différentes mutations ont apparemment handicapé l'école qui peine à fournir un produit de bonne qualité». M. Bentoumi juge «la transition difficile» et justifie : «Si vous lisez l'historique, l'ENS/STS a connu des changements, notamment le passage de l'INFS/STS à ENS/STS. Il a fallu beaucoup de temps pour que l'école soit en conformité avec les textes officiels aussi bien au niveau de la formation que du programme dont les contenus ont changé».
Des moyens et des attentes Qui dit études dit enseignants. Ceux de qualité, l'ENS/ STS n'en manquent heureusement pas. Onze (11) maîtres conférenciers répartis sur deux catégories A et B (ceux qui ont soutenu leur doctorat) épaulés par 58 maîtres assistants ou ces mêmes conseillers du sport qui contribuent à l'enseignement dans les 10 salles de cours que compte l'école. Les étudiants bénéficient d'un amphithéâtre de 274 places. S'étalant sur plus de 17 hectares, l'école est dotée de toutes les commodités nécessaires pour bien remplir le rôle de pourvoyeur de ces encadreurs dont l'Algérie manque tant. Des terrains extérieurs de football, volleyball, basketball, 8 gymnases, des cabinets méthodologiques et deux blocs d'hébergement (528 lits) pour les internes constituent le plus gros de l'infrastructure disposant d'un magnifique terrain pour le jeu à onze doté de gazon synthétique qui a attiré notre attention. Surtout que ce jour-là, il pleuvait des cordes et, bonne nouvelle, le système de drainage semblait fonctionner à merveille, contrairement à beaucoup de stades du pays accueillant des matchs de Ligue1. Ce que confirme un agent qui nous a servi de guide lors de notre visite des lieux en nous informant, par exemple, que le président de la Fédération algérienne de football a affirmé en personne que le travail accompli sur ce terrain était excellent, jugeant même qu'il était, de loin, meilleur que la pelouse du 20-août ou celle d'Omar-Hamadi de Bologhine. Tout est mis, donc, à la disposition des étudiants qui seront peut-être les Boualem Charef (entraîneur de l'USM El-Harrach) et Larroum Boualem (DTN de football) de demain. Pur produit de l'établissement, ces deux «références» inculquent, en plus de leurs fonctions sur le terrain (l'USMH pour le premier, la DTN pour le second) leur savoir à ceux qui seront peut-être les éducateurs de demain. Lors de notre visite dans le couloir des salles de sport, les gymnases étaient vides. Les étudiants de 4e année passaient leurs examens avant de débuter un stage pratique qui durera une année. Pour ces 37 étudiants, pointe au bout de l'effort, un magister en post-graduation. Ce n'est pas l'ambition qui manque à l'ENS/STS puisque l'école ambitionne d'accueillir 1500 étudiants dans les 2 voire 3 années à venir. Un nouveau plan d'aménagement et d'extension a été mis en place. Plus vite il sera accompli, mieux ce sera pour essayer de permettre à l'Algérie du sport de souffler, elle qui a plus que jamais besoin de ses enfants pour voir le bout du tunnel. La lumière pourrait-elle jaillir de cette école ? La flamme y est, à la jeunesse de la rallumer.