Si en Kabylie le tourisme ne va pas dans le sens du développement ce n'est pas la nature ou les compétences professionnelles qui sont en faute. La vocation touristique de la région est un postulat qu'aucun argument ou institution ne peut démentir. A commencer par les responsables du secteur qui considèrent tous que la Kabylie est, par définition, un pôle d'excellence dans le domaine à l'échelle du pays. Mais la réalité est têtue et les touristes locaux et étrangers ne se bousculent plus comme avant pour visiter les ruines romaines, les villages et les vestiges historiques et archéologiques, les sites climatiques de montagne et les plages féériques des localités balnéaires trempées du doux soleil de la rive sud de la Méditerranée. On en est au point de compter le nombre de visites par milliers au lieu de centaines de milliers que peut attirer la topographie naturelle locale. Ainsi, le secteur est resté au point mort depuis plus de vingt ans (essentiellement pour cause d'instabilité de la situation sécuritaire), et ce n'est que depuis deux ou trois ans au plus qu'on reparle de relance des activités touristiques avec des initiatives qui redonnent un peu d'espoir à la population et aux touristes. Cela à savoir si on ira jusqu'au bout de l'idée. Dans ce sillage, des projets de réhabilitation, d'extension et de lancement de nouveaux sites touristiques, notamment dans les zones de montagne, sont à l'étude et certains connaissent un début de concrétisation. Ainsi, un programme d'aménagement de quatre zones d'expansion et sites touristiques de montagne (Zest) à Azrou n'Thor, Tala Guilef, Yakourène et Bounouh est lancé et attend d'être concrétisé de façon officielle, selon la direction du tourisme de la wilaya de Tizi Ouzou qui a intégré en outre dans son plan trois terrains de camping à Yakourène, Ath Douala et à proximité du barrage de Taksebt, ainsi que la rénovation de la station climatique de Tala Guilef, selon les dires du directeur du tourisme, rapportés ces jours-ci dans la presse. Cependant, afin de fidéliser les touristes, le secteur a besoin de structures d'accompagnement de détente, d'infrastructures d'hébergement et de loisirs dans les normes requises. A ce sujet, on apprend que le ministère du Tourisme aurait déposé un dossier auprès du Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour la rénovation de deux hôtels et d'une auberge gérés par l'entreprise touristique de Kabylie (ETK). Il s'agit des hôtels Le Balloua, Lalla Khedidja et Le Bracelet d'argent pour lesquels un appel d'offres national et international a été lancé pour le choix du bureau d'études. Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, lors d'une récente visite dans la wilaya de Tizi Ouzou a évoqué avec des responsables de l'hôtel Amraoua les travaux de rénovation prévus dans cette structure hôtelière ancienne de la région, qui bénéficiera à ce titre d'une enveloppe de 40 milliards de centimes. À la même occasion, le directeur local du tourisme avait abordé le plan de 14 projets dans le secteur, dont un hôtel, un motel, un bungalow, trois auberges, quatre complexes touristiques, un parc aquatique et deux résidences touristiques sans compter les demandes d'investissement (complexes touristiques, auberges…etc.). Dans ce cadre, un hôtel prestigieux ceinturé de forêts de chêne et de conifères et autres bels arbustes à 950 mètres d'altitude, entouré de fontaines dont l'eau marque à jamais, mérite une halte. Le Tamgout de Yakourène, sur la RN 12, à 52 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Dans le passé, l'endroit ne désemplissait pas, des centaines de touristes étrangers, des clubs sportifs d'élite d'ici et d'ailleurs et des familles affluaient par milliers dès le début de la saison chaude. Tout d'un coup, tout le décor vert et l'ambiance joyeuse ont laissé place aux diverses atteintes à l'environnement, à la morosité et à l'insécurité. Après être entré en hibernation pendant des années, malgré les caractéristiques naturelles et autres atouts de premier ordre de la région, les prémices d'une renaissance du tourisme sont visibles sur place. «Pour donner une meilleure image de l'hôtel, station climatique le Tamgout, nous avons procédé à des améliorations de plusieurs aspects de la structure, tant au niveau des prestations que des conditions d'accueil et de séjour ; globalement, nous sommes en train de rénover tout l'hôtel, le réhabiliter dans les règles de l'art. L'appel d'offres a été lancé et une enveloppe conséquente a été décidée dans ce sens», nous affirme Mr Issad, nouveau directeur, un cadre transfuge de l'hôtel Amraoua du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. Ce projet, qui prendra peut-être forme avant la fin de l'année en cours, comprend l'ameublement, le mobilier, la climatisation, la dotation des chambres en téléphones et accessoires…etc. l'objectif visé : une meilleure classification possible. «Avec deux étoiles, et grâce seulement à quelques modifications de la qualité du service et le volet sécuritaire qui se stabilise, nous sommes arrivés à réaliser de bons résultats. L'activité reprend, nombre de clients séjournent même en dehors du week-end. Nous avons atteint un taux d'occupation de plus de 50% par jour même si, par exemple, nous avons augmenté les prix afin de filtrer la clientèle, pour ne pas transformer l'hôtel en hammam, nos clients sont cependant rassurés», se réjouit le directeur, qui assure que son équipe travaillera d'arrache-pied pour attirer et fidéliser la clientèle et entamera dans cette perspective des initiatives de publicité pour faire découvrir le Tamgout au maximum de touristes. La saison estivale qui approche semble constituer une aubaine pour tester le travail positif déjà réalisé. A moins que l'évolution de la situation sécuritaire et les gigantesques bouchons de la RN 12 (tronçon Tizi Ouzou-Azazga sur 37,5 km) n'entachent la volonté de la nouvelle direction du Tamgout. L. S.
Les chiffres clés du secteur du tourisme en Algérie à fin 2012 l Participation du secteur du tourisme au PIB (Produit intérieur brut) : 265 milliards de dinars, soit 2%. l Nombre d'emplois créés : 430 000 emplois soit 5% de la main-d'œuvre nationale. l Superficie des Zones d'expansions touristiques (ZET) : 53 000 hectares répartis en 205 ZET au niveau national. 85% des projets touristiques sont réalisés en dehors des ZET et 98% de la surface de ces ZET ne sont pas encore exploitées à ce jour. l Nombre de projets touristiques : 713 avec une capacité d'hébergement de 82 000 lits dont 405 à un taux d'avancement de 60% avec une capacité de 50 000 lits et un nombre d'emplois à créer de 23 000, -120 projets (12 000 lits et 6 000 emplois) sont à l'arrêt pour des raisons de financement, et 130 projets (15 000 lits et 7 000 emplois) ne sont pas encore lancés en l'absence des plans d'aménagement touristique (PAT) au niveau des ZET. l Volume des investissements : 220 milliards de dinars dont 25% émanant des investisseurs étrangers. l Enveloppe pour la réhabilitation des hôtels publics : 70,5 milliards de dinars sous forme de crédit du Trésor public. l Nombre d'agences de voyage agréées : 814 l Parc hôtelier national : 1 136 établissements hôteliers de 96 000 lits dont seulement 18 000 lits appartenant au secteur public. l Capacités de formation : 4 établissements placés sous tutelle du ministère du Tourisme d'une capacité de 880 places pédagogiques dont 200 pour l'Ecole supérieure du tourisme de l'Aurassi,- 380 pour l'Institut de Tizi Ouzou et son annexe de Tlemcen, et 300 places à l'Institut de Boussaâda. Ajouter à cela la nouvelle école de Tipasa de 1 200 places pédagogiques,- celle d'Aïn Témouchent avec 400 places,- et celle d'Aïn Benian avec 880 places qui vont être bientôt réalisées. Demande en formation d'ici 2015 : 200 000 places pédagogiques par an. l Prévisions du nombre de touristes qui viendront en Algérie d'ici 2015 : 2,5 millions de touristes. l La participation du tourisme au PIB en 2015 sera de 5% environ.