La journée internationale de la liberté de la presse a été l'occasion pour les journalistes de Tizi Ouzou de rendre un vibrant hommage au doyen des confrères, aujourd'hui en retraite, Youcef Bournine que les journalistes de Tizi Ouzou appellent affectueusement Dda Youcef. Une cérémonie a été organisée à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de la ville, à l'initiative de la direction de la culture, en hommage à notre confrère et ami que toute la presse respecte pour son professionnalisme, son sens de l'engagement et particulièrement son humilité. Une humilité que l'assistance a eu toute la latitude de vérifier lors de ses prises de parole parfois teintées d'humour, notamment à l'issue de la projection de la série de témoignages de certains confrères, réalisée par la cellule de communication de la maison de la culture. «J'ai toujours considéré que les hommages doivent être rendus aux femmes et aux hommes exceptionnels et je n'en suis pas un» a tranché Dda Youcef qui s'est déclaré ému devant les témoignages faits par certains confrères jeunes et moins jeunes, en leur pardonnant toutefois «d'avoir exagéré (ses) mérites». Notre aîné n'a pas manqué de transposer les hommages qui ont été rendus à la corporation. A cette déclaration, les confrères ont souri, non pas parce qu'ils avaient décelé de l'humour dans les propos de Dda Youcef, mais parce tout simplement, personne parmi les journalistes n'a été étonné par tant d'humilité, de simplicité et d'altruisme professionnel. A propos de l'hommage que lui a rendu la direction de la culture de Tizi Ouzou, Dda Youcef a affirmé que «ce témoignage est avant tout à la corporation qui mérite tous les honneurs, tous les sacrifices parce que c'est une corporation qui n'a jamais renoncé à consentir les efforts pour se forger un chemin vers la pleine liberté d'expression». Quelques heures auparavant et avant que la Sûreté de wilaya n'organise une cérémonie en l'honneur de la presse, les journalistes de la wilaya de Tizi Ouzou ont tenu à se recueillir devant la stèle dédiée aux journalistes assassinés, en présence notamment du président de l'APW, le président de l'APC et du chef de daïra. Dda Youcef a profité de l'occasion de la présence des confrères pour les encourager à s'organiser davantage et poursuivre la lutte dans le but d'arracher leurs droits et la liberté d'expression. Le président de l'APW, Hocine Haroun, invité à intervenir, a saisi cette occasion pour annoncer le vote par l'assemblée qu'il préside, d'une enveloppe de six milliards de centimes pour le projet de réalisation d'une maison de la presse à Tizi Ouzou. La pose de la première pierre est prévue pour le 5 juillet prochain. Pour information, Youcef Bournine né en 1935 a connu la vie active très tôt, en tant qu'enfant à tout faire, berger, fellah et manœuvre entre autres. Il a rejoint le monde de la presse sans passer par les grandes écoles et les universités mais c'est plutôt le chemin du militantisme et du syndicalisme qui l'y a mené. Il a intégré Alger Républicain en octobre 1963 s'occupant de la rubrique du monde ouvrier jusqu'au coup d'Etat de juin 1965 qui a mis fin à l'aventure du journal. Il rejoindra ensuite le service de documentation du quotidien El Moudjahid pour lequel il créera et dirigera une dizaine d'années plus tard, l'Agence régionale de l'Est à Constantine. Dans la capitale de l'Est, il a eu à ressortir son âme de gauche devant des walis, des chefs de daïras, de mouhafadh et autres présidents d'APC. Son côté opposant lui coûtera une interdiction de signature et une destitution de son poste de chef d'agence en 1982, année durant laquelle il sera muté vers le bureau de Tizi Ouzou. En 1987, Dda Youcef quitte El Moudjahid pour l'APS jusqu'à sa retraite en décembre 1995, quelques mois à peine avant de rejoindre le quotidien Le Soir d'Algérie pour lequel il travaillera pendant quinze années, d'abord en tant que chef de bureau, ensuite comme journaliste, avant sa démission en mars 2011 pour raisons de santé. «J'ai traversé deux époques de la vie de la presse nationale. Celle de la pensée unique stérilisante et étouffante et celle du pluralisme, débridé certes mais stimulant», a souligné Dda Youcef lors d'une de ses interventions. M. B.