En dix ans, les sportifs algériens peinent à retrouver le sommet et les filles calent au pied des podiums. Pour rappel, la réunion à laquelle le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, a convié les responsables et présidents de clubs a accouché d'un mémorandum. Divers points afférents à la maladie du sport algérien ont été soulevés. Et aux représentants des clubs de brosser un tableau bien noir des échecs répétées et de cette agonie. «L'essentiel ne sera plus de participer. L'essentiel sera maintenant de gagner !» Le ministre de la Jeunesse et des Sports a reçu l'ensemble des présidents des clubs et fédérations et associations sportives. Sujet à l'ordre du jour : une prise de contact pour évaluer les difficultés rencontrées par les différentes fédérations sportives. La réunion a permis au ministre de faire le tour d'horizon des problèmes qui minent chacune des fédérations. «Je vous ai réuni pour scruter, ensemble, l'horizon surtout qu'il y a des urgences. Les fédérations ont des problèmes. Il est important de prendre contact et que dans les prochains jours on puisse programmer des rencontres pour aller davantage au fond des problèmes.» Le ministre a rassuré les présidents de fédérations. Car dira-t-il, malgré ses charges au ministère, l'homme avait un regard sur les maux dont souffrent ces disciplines : «Je suis à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports depuis quelques mois seulement. Cela ne m'a pas empêché chaque jour de voir comment fonctionne notre sport et quelles sont les difficultés de chaque fédération.» La réunion avec les responsables des sports selon le ministre, permettra «d'avoir plus d'informations puisqu'il sera question de présenter aux associations sportives la loi tant attendue qui va règlementer le sport en Algérie». Abordant la question du sport et de son fonctionnement, le ministre a annoncé de grands changements : «Il sera également question de régler définitivement la question des financements des fédérations, de celui des compétitions et la question de la pratique du sport.» Les points importants abordés ont été : la pratique du sport en Algérie, la formation, le sport scolaire et universitaire et l'infrastructure. En effet, dira le ministre, «s'il n'y a pas de résultats dans les différentes disciplines, je ne vois pas pourquoi vont exister des fédérations ?». Autre point marquant de cette réunion, la participation des différentes disciplines aux compétitions régionales et continentales : «L'essentiel ne sera plus de participer, l'essentiel sera maintenant de gagner !» Mais ces défis ne peuvent se réaliser sans la formation d'athlètes de qualité. Et le plus urgent à prendre en charge c'est la formation. Le nerf de la renaissance. «On n'a pas de bons athlètes ni de bons joueurs», décrètent les présidents. «La formation n'existe plus, il n'y a plus de spectacle. On a tué la petite catégorie», s'émeut le collectif des entraîneurs. La première maladie évacuée, les clubs cherchent les résultats précoces au détriment de la formation. Donc, pour sortir de la descente aux enfers, il faut une réorganisation totale des clubs et des fédérations. «Le championnat n'est pas régulier et son organisation ne correspond pas à la visée des clubs. Le club ne vit que de cotisations et des aides ramassés ça et là, alors que le championnat est un gouffre financier.» Pour rappel, les rencontres des responsables de clubs avec le ministre de la Jeunesse et des Sports s'inscrivent dans le cadre de l'analyse de la situation générale faite par les dirigeants sportifs pour l'élaboration d'un plan de développement du football.
Faiblesse de l'encadrement, absence de tout programme de formation des encadreurs… Lors des réunions tenues avec les fédérations sportives et le Comité olympique pour brosser le tableau noir du sport algérien, il est manifeste qu'une donne essentielle a manqué à la majorité de nos représentants: la formation et la promotion des jeunes sportifs. Des sportifs qui occupaient les toutes premières places à l'échelon mondial se sont faits éliminer dès le premier tour des compétitions de haut niveau, ce qui est incompréhensible et inacceptable eu égard au moyens et aux sommes dépensées. C'est un constat d'échec de notre système sportif. Ce ne sont pas les mauvais résultats qui guident nos pas, c'est un ensemble d'éléments qui expliquent et mettent en évidence les résultats. Aujourd'hui, dans la quasi-totalité des disciplines sportives dans notre pays, on ne peut même pas parler de relève. Les champions de demain n'ont pas encore vu le jour. La gérance a été tellement faible qu'elle a fait le vide au niveau de la base des pratiquants. Donc notre réaction sera forte d'abord au niveau de la gérance des fédérations et des clubs qui les composent. Nous souhaitons que le travail de la base soit réel et que la représentativité ne reste pas une question secondaire. C'est lorsque le mouvement sportif l'aura compris que le changement sera effectif, car il viendra de la base, que la logique managériale reprendra le dessus. Aujourd'hui, il n'y a plus rien à cacher : absence de système de détection des jeunes talents, faiblesse voire inexistence du sport scolaire et universitaire, fragilité extrême des clubs et associations de quartiers, absence de terrains vagues et d'infrastructures, faiblesse de l'encadrement, absence de tout programme de formation des encadrants… et le rural, véritable réservoir de talents dans le monde entier, est un désert sportif. À tout cela s'ajoute la gestion approximative des fédérations sportives et une absence criarde de continuité dans les choix stratégiques, notamment techniques. Quelles sont les mesures à prendre pour redorer le blason du sport national? Mais il ne faut pas simplement redorer le blason du sport national ! L'objectif est de reconstruire le sport national sur des bases plus saines et plus solides. Il faut que les fédérations sportives deviennent véritablement des gestionnaires engagées et ambitieuses dans l'intérêt de leurs disciplines respectives. Pour cela, la lutte contre la rente sportive qui mine nos institutions, nos fédérations et nos clubs est la plus indiquée. Il faut surtout agir contre la déperdition sportive qui, à l'instar de la déperdition scolaire, constitue une malheureuse hémorragie dans notre sport. Les jeunes talents se perdent dans la nature faute d'accompagnement et d'encouragement. Et, enfin, il faut remettre en marche le système sportif en le dotant : d'un centre répondant aux normes internationales pour les sportifs de haut niveau, un centre de formation pour les jeunes, le renforcement de la direction technique au sein des fédérations, créer une commission des sportifs de haut niveau, plus utile, plus efficace et plus impliquée sur le terrain… Le changement est à ce prix et tous les mouvements sportifs doivent être totalement engagés pour que le changement soit effectif. Le sport scolaire et universitaire mérite la même attention et la même exigence que les autres disciplines organisées en fédérations sportives. Le monde change, et le sport avec ! Dans cette société où sont recherchées à la fois la pratique du plus grand nombre et la très haute performance, où les valeurs et l'identité culturelle sont si importantes, il faut rassembler et fédérer les énergies. Le sport et toutes les autres disciplines se trouvent investies de nouvelles missions pour devenir la panacée à tous les problèmes de société. La parité homme-femme dans les organes de direction, la lutte contre l'exclusion, la formation des cadres et dirigeants, ou encore le sport de haut niveau comme vecteur d'identité nationale sont autant de défis qui s'offrent à nous. Le sport vit dans un monde qu'il ne peut ignorer. Plutôt que de subir et être en réaction. Nos succès futurs dépendent de notre capacité à maîtriser les mécanismes de développement du sport à tous les échelons et toutes les couches sociales. A. B.