L'exploit de Taoufik Makhloufi aux Jeux olympiques de Londres – médaille d'or sur 1500 m – relance le sempiternel débat dans ce domaine parce que le champion s'est d'abord révélé en sport scolaire. Il a été découvert en 2007 lors des Jeux scolaires, ce que beaucoup ont tendance à oublier lorsqu'ils évoquent la jeune carrière de l'enfant de Souk Ahras. Il est la preuve que le sport scolaire continue de jouer un grand rôle dans la détection et la formation de futurs champions bien que ce segment ultra important du sport national soit marginalisé par ceux-là mêmes qui sont censés veiller à sa bonne santé. Faut-il rappeler le rôle et l'importance capitale qu'a toujours eu le sport scolaire dans les performances de nos élites représentatives ? Qui ne se souvient des bons résultats d'athlètes algériens dans les années 1970 et 1980 obtenus grâce à la bonne santé du sport scolaire à l'époque ? C'était le temps de la Fédération sport scolaire et universitaire (Fassu), des lundis sportifs programmés dans les emplois du temps des élèves et encadrés par des enseignants d'EPS motivés... Les élèves trouvaient un cadre idéal pour s'adonner une concurrence saine et loyale, avec un plaisir énorme, dans un milieu éducatif sain, dans toutes les disciplines, dans les tournois inter-CEM et lycées sous les regards d'un public nombreux et en présence de la presse écrite et parlée. Depuis, les temps ont changé et, malheureusement, le sport scolaire se meurt dans l'indifférence la plus totale. Pour plusieurs raisons. Tous les dispositifs réglementaires (lois, arrêtés, circulaires) visant à promouvoir l'éducation physique et sportive sont restés lettre morte. Les dispositifs statuaires régissant les ligues scolaires de wilaya et la Fassu ont favorisé l'émergence de gestionnaires incompétents et sans scrupule qui ne pensent qu'à se remplir les poches au détriment des enfants, avec la complicité de la DJS et du ministère de la Jeunesse et des Sports. Comment expliquer que tous les établissements scolaires d'Alger-Centre, Ouest et Est, soient inactifs depuis presque cinq ans pour la simple raison que le MJS et la Fassu ne veulent pas reconnaître les nouvelles ligues nouvellement créées et préfèrent «travailler» avec l'ancienne ligue, défaillante sur tous les plans ? Les dispenses de complaisance, le déficit en encadrement – même s'il est formé annuellement par des instituts spécialisés – sont autant d'éléments qui viennent aggraver la situation d'une discipline déjà malmenée. Il est temps que le sport scolaire – les disciplines collectives surtout – retrouve ses lettres de noblesse, ses périodes fastes où l'Algérie dominait le continent. Il est temps aussi que le sport scolaire redevienne, comme avant, le pourvoyeur des clubs sportifs et équipes nationales en athlètes et joueurs et non le contraire, car actuellement, ce sont les équipes nationales civiles qui participent aux tournois internationaux scolaires, c'est aberrant ! L'avenir du sport de haut niveau passe par l'école et la création de classes sport-études. Les pouvoirs publics doivent mettre en place une politique orientée exclusivement vers les élèves à travers, par exemple, l'accès facile aux infrastructures sportives, aux finances, à la formation et au recyclage des cadres, à l'organisation de compétitions par des ligues bien structurées… Donc la redynamisation du sport scolaire ainsi que les grands objectifs assignés au sport, partie intégrante de l'action éducative en raison de l'impact de ses fonctions et de ses valeurs, doivent être réalisés par deux secteurs : le ministère de la Jeunesse et des Sports et le ministère de l'Education nationale, rappelant dans ce contexte que l'avenir de la pratique sportive de haut niveau passe indéniablement par l'école, qui renferme un tiers de la population du pays et constitue un véritable réservoir de jeunes talents. Le ministère de la Jeunesse et des Sports doit situer le sport scolaire comme un élément fondamental de la réforme du système éducatif. Le sport scolaire doit bénéficier de beaucoup plus d'égards de la part des deux tutelles, qui doivent s'impliquer davantage dans sa promotion et ne plus laisser faire, comme c'est le cas aujourd'hui. La participation et la contribution des parents sont souhaitées. Ils sont un vecteur important du développement et/ou du déclin du sport scolaire. Très souvent, ils encouragent leur progéniture à tourner le dos au sport scolaire et aux activités physiques à l'école à travers la présentation d'un certificat de dispense de la pratique sportive en milieu scolaire.