Abderrezak Mokri a succédé, depuis avant-hier dans la soirée, à Bouguerra Soltani à la tête du MSP. L'élection de M. Mokri s'est faite au détriment de son rival, Abderrahmane Saïdi. Le premier, qui occupait le poste de vice-président, a obtenu 177 voix contre 65 pour le second, qui présidait le Conseil consultatif du parti. L'élection de Abderrezak Mokri, qui pourrait marquer une nouvelle phase dans la vie du parti islamiste, s'est faite au terme des travaux du cinquième congrès du MSP abrité par la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf avec la participation de 1 400 personnes entre militants et invités. L'événement était en effet fortement attendu par la famille de l'ex-Hamas au vu de plusieurs donnes. Il y a d'abord le fait que le Mouvement annonçait un changement de leader dans le sens où Bouguerra Soltani avait clairement exprimé son intention de ne pas briguer un troisième mandat à la tête du parti. Ce qui a donné lieu à un énorme travail de coulisses entre les différentes tendances au sein du parti. Il y a ensuite cette interrogation sur la supposée ligne politique que le parti épouserait s'il consent bien sûr à abandonner celle qu'il suit actuellement. Car depuis un certain temps, il a prêté au Mouvement de la société pour la paix (MSP) une volonté de passer du côté de l'opposition. Revigoré en effet par les résultats obtenus par les Frères musulmans dans les pays du Maghreb, le MSP s'est révolté contre le pouvoir envers qui il s'initia à contester les choix. Le parti allait ainsi quitter l'Alliance présidentielle, qu'il composait pendant un cycle avec le duo FLN-RND, pour créer la coalition des islamistes en compagnie d'Ennahda et d'El Islah. Les résultats électoraux étant plus que décevants à l'occasion des législatives de mai 2012, la formation de feu Mahfoud Nahnah allait être traversée par une «longue session» de remises en cause et d'interrogations quant à l'option à privilégier. Est-ce le moment opportun de marquer ses distances avec le pouvoir ? Est-il encore politiquement possible de cohabiter avec les cercles de décision tout en simulant des positions critiques à l'égard du régime ? Ces questions ont plané sur les travaux du 5e congrès du MSP même si celle relative à la succession de Soltani retenait davantage l'attention des militants du parti. Et à l'issue de son élection, le successeur de Soltani a esquissé une vague prévision en déclarant que «le MSP réintégrera le gouvernement quand le peuple lui accordera sa confiance, lors des prochains rendez-vous électoraux». A présent, le MSP entame une nouvelle ère sous le règne de Mokri. Des injections ont d'ores et déjà été apportées au fonctionnement et aux dispositions statutaires du parti. On peut noter dans ce sens l'élargissement des prérogatives du Conseil consultatif (Majliss el Choura) ainsi que «l'introduction d'un article dans les statuts du parti qui limite les mandats du président à deux seulement». Le congrès du MSP a été aussi marqué par l'élection de Hachemi Djaâboub et Naâmane Laouar en tant que vice-présidents du parti. Aboubakr Gadouda hérite, pour sa part, de la direction du Majliss el Choura.