Le secrétaire général de l'organisation nationale des moudjahidine (ONM), M. Saïd Abadou, a annoncé hier que l'organisation comptait soumettre une initiative aux organisations internationales des anciens combattants pour la condamnation du colonialisme français en Algérie. Dans une déclaration à l'APS à la veille de la commémoration du 68e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le ministre a affirmé que «bien que la tâche soit difficile, l'ONM poursuivra son action afin de mobiliser ces organisations et sortir avec une décision qui condamne le colonialisme et exige que des excuses soient présentées aux peuples qui étaient sous occupation, outre une indemnisation matérielle pour les massacres commis et les richesses pillées à l'époque». Il a souligné, à ce propos, que le contexte international actuel est «difficile» pour atteindre cet objectif mais cela, a-t-il dit, n'empêche pas l'organisation de «poursuivre cette action à l'échelle internationale dans le but de condamner le colonialisme sous toutes ses formes». M. Abadou qui a tenu à rappeler que l'ONM a des «positions immuables en ce qui a trait à la criminalisation du colonialisme en Algérie et l'importance de présenter des excuses au peuple algérien pour les massacres perpétrés à son encontre», a ajouté que le colonialisme «ne s'est pas arrêté aux massacres mais il est allé jusqu'au pillage des richesses des pays sous son occupation et l'altération de son identité». Evoquant également la commémoration du massacre du 8 mai 1945, Me Miloud Brahimi a déclaré que la poursuite judiciaire contre la France pour les massacres du 8 mai 1945 comme étant des crimes contre l'humanité, nécessite d'abord l'intégration de ce genre de crimes dans le droit algérien. Selon l'avocat, pour pouvoir juger ce genre de crimes, il y a nécessité de se référer aux standards internationaux en termes de lois, car l'espoir vis-à-vis de la justice française et algérienne autour de cette question est «bloqué». Car, comme l'a expliqué Me Brahimi «les massacres du 8 mai 1945 sont un crime incontestable contre l'humanité, mais on ne peut pas les juger en France car ce pays n'a intégré dans son code pénal le crime contre l'humanité qu'en 1993 et considère que la loi pénale n'est pas rétroactive, donc ces crimes ne sont pas justiciables», ajoutant que «lorsque la partie algérienne, représentée par des familles de certaines victimes et des organisations, a voulu déposer plainte en France, il leur a été répondu qu'il s'agissait de crimes de guerre prescrits et, en même temps, amnistiés par les accords d'Evian de 1962». A ce propos, Me Brahimi s'est interrogé : «Pourquoi dit-on que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles et pourquoi ne dit-on pas que ces crimes ne sont pas amnistiables? Si c'était le cas, les accords d'Evian de 1962 auraient déjà tout réglé car ils avaient amnistié tous les crimes de guerre commis pendant la colonisation, mais ils laissent entier le problème des crimes contre l'humanité.» L'avocat a cependant indiqué qu'il y avait la CPI (Cour pénale internationale) pour juger ce genre de crimes. Mais à ce propos, le militant des droits de l'Homme a déploré la non adhésion de l'Algérie à la CPI comme la non intégration de ce genre de crime dans le code pénal algérien. «Je milite depuis toujours pour l'intégration de crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide, des crimes que je considère majeurs, dans le code pénal algérien. Malheureusement, je constate une frilosité chez nous sur ces questions», a fait savoir Me Brahimi, ancien président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Ladh), qui regrette, dans ce cadre, les efforts vains fournis par certaines organisations et familles de victimes. Enfin, il a tenu à souligner le rôle important qui incombe aux historiens de part et d'autres dans la sauvegarde de la mémoire qui lie les deux pays afin que les générations montantes puissent connaître les vérités de la colonisation française en Algérie, la souffrance du peuple algérien et les crimes commis durant toute cette période. H. Y./APS