Les massacres du 8 mai 1945 ont hâté la décision des dirigeants du mouvement national de déclencher la révolution du 1er novembre 1954, a indiqué le Secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou. Après les terribles massacres perpétrés par les forces coloniales contre des civils sans défense sortis manifester pacifiquement pour réclamer l'indépendance de l'Algérie, le peuple a compris que "ce qui a été pris par la force ne saurait être récupéré que par la force", a précisé M. Abadou dans un entretien à l'APS, à la veille de la commémoration du 68e anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Les massacres du 8 mai 1945, dont le nombre réel de victimes n'est toujours pas connu, "ont fait comprendre au peuple et aux partis algériens que la lutte politique pour le recouvrement de la souveraineté nationale était vaine et que la lutte armée était le seul moyen pour arracher l'indépendance et chasser le colonisateur", a affirmé le SG de l'ONM. Les massacres perpétrés à Sétif, Guelma et Kherrata contre les citoyens sortis manifester pacifiquement pour demander à la France d'honorer sa promesse d'accorder aux peuples colonisés le droit à disposer d'eux-mêmes, après la fin de la seconde guerre mondiale, "marquent la colonisation d'une tache indélébile", a soutenu M. Abadou. Les dirigeants du mouvement national étaient loin d'imaginer que des manifestations pacifiques allaient être réprimées dans le sang par le colonisateur, a-t-il dit. Qualifiant ces massacres de "crime contre l'humanité", le SG de l'ONM a noté que "le peuple algérien, à l'époque, n'a pas eu le soutien de l'opinion publique internationale qui s'est d'ailleurs abstenue de condamner les massacres". "Pire, certains pays ont été jusqu'à soutenir le colonisateur", s'est-il indigné. Concernant la position de l'ONM à l'égard de la criminalisation de la colonisation, M. Abadou a souligné la nécessité pour la France de présenter des excuses au peuple algérien pour les crimes commis à son encontre et de l'indemniser pour les richesses qui lui ont été confisquées. La reconnaissance de ces massacres par des responsables français "doit être suivie d'excuses et d'indemnisations pour tout le préjudice causé au peuple algérien pendant la période coloniale", a estimé le SG de l'ONM.