Les cinq clubs de football professionnel élus au bénéfice d'une tutelle par une filiale de Sonatrach attendent toujours de voir venir la nature même de la prise en charge que consacrerait, en qualité d'actionnaire majoritaire, l'entrée au sein du conseil d'administration de la SSPA. Si la question se pose en termes de bouffée d'oxygène par les porteurs d'actions déjà installés lesquels voient forcément en cette mesure l'opportunité de récupérer leurs billes à moindre frais, des billes consistant en le financement ponctuel des charges courantes et dont il est peu évident de connaître la traçabilité, voire la matérialité compte tenu de l'amalgame entretenu avec les subventions de l'Etat. D'ailleurs en persistant à continuer de les prendre en charge, donc au mépris des textes réglementaires, et pour certains responsables à hauteur des pouvoirs publics à encourager des pratiques contraires à toute orthodoxie de gestion des deniers publics, ces mêmes pouvoirs publics dont la préoccupation première est d'entretenir une stabilité, voire une paix sociale locale, de fait, ont permis à des individus auto-intronisés ou qui, parce que la nature a horreur du vide, ont mis à profit une vacuité quasi générale des espaces et lieux pour s'installer par la force de l'habitude et devenir des interlocuteurs valables pour ne pas dire incontournables. Quoique demeurant peu sortables ou sinon pas fréquentables. Ce qui explique quelque part le train de sénateur que s'est imposée la Sonatrach via ses filiales à injecter de l'argent sinon des fonds conséquents dans des structures qui demandent à subir ce qu'ont subi les écuries d'Augias pour être enfin viables. D'autant plus que la puissante société traine déjà trop de casseroles pour s'embarrasser encore de qualificatif de société dispendieuse au profit de clubs véritables tonneaux des Danaïdes d'une part et surtout pour une bonne partie de repaires de personnes peu recommandables d'autre part.
Omar Ghrib, l'autre épiphénomène de la société algérienne «L'affaire MCA» du 1er mai dernier n'est-t-elle pas tombée à point nommé pour rappeler qu'il ne suffit pas d'avoir mis une poignée de dinars dans un club pour en devenir actionnaire et surtout en faire un tremplin personnel ou au service d'intérêts occultes. Ainsi, Ghrib pour ne citer que ce dernier, n'est qu'un épiphénomène de la société algérienne d'une manière générale et de la scène sportive en particulier qui sert de véritable exutoire à toutes les attitudes tendancieuses et asociales lesquelles, paradoxalement, sont une véritable insulte aux valeurs qu'elles sont censées véhiculer. Les cinq associations retenues, en l'occurrence la JS Saoura, le CS Constantine, l'Entente de Sétif, le MC Alger et le MC Oran, ont vraisemblablement mérité aux yeux des pouvoirs publics nationaux le choix fait par la puissante société pétrolière, quoique ce choix reste discutable cette fois-ci aux yeux des puristes du football. Toutefois la même société hésite depuis le temps que cette décision a été consacrée et les mesures de sa matérialisation annoncées sans pour autant que cela n'ait un effet réel sur le quotidien des clubs. A titre d'exemple, le CS Constantine, qui semble quand même être sur une bonne trajectoire aussi bien sur le plan des résultats techniques mais au niveau de la gestion elle-même a connu, ces derniers jours, des menaces de grève de ses joueurs en raison du non versement de leurs salaires. Or, ce n'est certainement pas Tassili Airlines, l'actionnaire majoritaire, qui ferait croire qu'elle n'est pas riche ou que ses caisses sont vides. En fait, tout Constantine et les sportifs avertis savaient que TA attendait que se faisse un certain ménage au niveau du conseil d'administration ou du moins dans ce que celui-ci pouvait refléter vis-à-vis de l'extérieur par rapport à un de ses membres lequel, d'autant plus, est le plus dynamique pour ne pas dire celui qui a fait du CSC ce qu'il est aujourd'hui. Néanmoins, sa réputation, son passé et plus particulièrement l'émergence d'un évènement ponctuel largement médiatisé par un confrère a fait que l'hésitation de Sonatrach et ses filiales trouve leur explication. Bien entendu, le raisonnement du management entrepreneurial et sans doute les orientations de l'Etat sont à saluer dans la mesure où il est désormais un souci : celui de gérer selon les règles les fonds publics car, depuis plus d'une décennie, les portes laissées ouvertes dans le monde du football ont laissé place à l'émergence de véritables prédateurs si ce n'est de malfrats en col blanc venus non seulement pour piller mais légitimer le produit de leur pillage associant très souvent si ce n'est régulièrement des relais à hauteur des institutions nationales toutes natures confondues. A. L.