Il y a comme un air de commedia dell'arte dans le bras de fer qui oppose le ministre du Commerce à la corporation des boulangers. Le ministre assure à tous vents qu'il ne sera jamais question d'augmentation du prix du pain tant que la commission ad-hoc créée n'aura pas livré ses conclusions sur une solution salutaire pour l'ensemble des parties en l'occurrence les citoyens d'abord et les boulangers ensuite dont le manque à gagner, si tant est qu'il en existerait, sera soutenu par les pouvoirs publics. A l'Est du pays, les boulangers n'ont pas eu à attendre un quelconque accord puisqu'ils ont d'autorité décidé de faire passer le prix de la baguette de 7,50 à 10 DA depuis le 2 mars dernier après avoir observé une grève d'une semaine à la fin du mois d'avril. Hier à Constantine et au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), des représentants de boulangers de onze wilayas étaient présents pour l'installation du nouveau bureau régional pour saisir également l'opportunité d'évoquer, compte tenu de la présence du porte-parole du bureau national les négociations laborieuses avec le ministère du Commerce comme si entre-temps ils n'avaient pris aucune décision unilatérale laquelle, est-il besoin de le rappeler, consistait en l'augmentation de 30% du prix de la baguette. Il aura été au cours de la rencontre d'hier de jeter l'anathème sur les importateurs et les minotiers qui fermeraient les yeux sur une partie de la farine qu'ils détiennent et qui iraient «grossir» d'autres commerçants dont les pâtissiers et l'industrie du biscuit, une réalité qui ne règlerait en rien ni à court terme comme à long terme la situation telle qu'elle se présente compte tenu du profit que tireraient ces derniers du soutien de l'Etat sur les coûts de la farine. Pour cela les intervenants préconisent à titre d'exemple que si «la subvention est la solution elle devrait être consentie aux consommateurs et non pas aux commerçants, ce qui permettrait de court-circuiter son parasitage par des prédateurs qui n'ont rien à voir avec le métier». Quoiqu'il en soit, le président de la commission des boulangers en l'occurrence M. Hentour, assure, non sans rire, qu'il n'y aura plus de grève qui prendrait pour argument l'augmentation du prix du pain semblant ignorer ou feignant l'être que celle-ci a été d'autorité décidé et acquise par l'ensemble des boulangers des wilayas de l'est du pays. Comme il est étonnant d'ailleurs que la Direction de wilaya du commerce n'en sache rien depuis près de trois mois à moins que ses agents, cadres et contrôleurs n'achètent pas de pain. Comble de l'ironie des déclarations telles que «…nous ne nous substituerons pas au gouvernement et nous n'avons aucunement la prétention de faire nôtre procédure d'augmentation des prix». Enfin parmi les propositions est faite également celle qui consisterait en la fabrication d'un produit panifiable spécifique qui ne servirait alors qu'à fabriquer du pain et dans la foulée, les boulangers s'insurgent contre la multiplication des unités industrielles qui phagocytent le marché et condamnent inéluctablement les boulangers traditionnels à leur extinction comme le confirmerait «la disparition de 2 000 boulangeries ces dernières années». Enfin les représentants de l'Ugcaa se défaussent sur les boulangers qui ont procédé à une augmentation unilatérale du prix de la baguette. Comme si ces mêmes commerçants ne sont pas pour autant leurs adhérents. Soulignons que la rencontre d'hier ponctue un cycle de rencontres qui s'est tenu auparavant au Centre et à l'ouest du pays. L'objectif étant la création d'une coordination nationale unifiée. Autrement dit qui parlerait le même langage. A. L.