Quarante-huit heures à peine après les déclarations faites par le ministre du Commerce relatives aux “revendications des boulangers sur une augmentation du prix du pain qui n'est pas à l'ordre du jour", la réaction sèche de la corporation des boulangers ne s'est pas fait attendre. “La Coordination nationale des boulangers rejette en bloc, dans le fond et dans la forme, les propositions faites par le ministre du Commerce lors de la réunion tenue à Alger avec les représentants des ministères du Commerce, des Finances, de l'Agriculture, de l'OAIC et des autres syndicats des boulangers." C'est ce qui ressort d'une rencontre nationale des boulangers qui s'est tenue, hier à Oran, et qui a regroupé les professionnels de la boulangerie venus de 28 wilayas de l'ouest, du sud, du centre et de l'est du pays. “Nous donnons un délai de 20 jours au ministère de tutelle pour engager avec nous des négociations sérieuses sur nos revendications, sinon nous déclencherons une grève nationale de trois jours", a affirmé Faouzi Bahiche, président de la coordination des boulangers de la wilaya d'Oran. Estimant légitimes leurs revendications professionnelles, les boulangers exigent à présent une révision du prix de la baguette du pain à 11,90 DA. Faisant lecture d'une récente étude réalisée sur le prix de revient d'une baguette de pain, Maâmar Hentour a indiqué que sur un total de 480 baguettes (1 quintal de farine panifiable), le coût de fabrication d'une baguette de pain revient à 11,72 DA. “Nous avons le net sentiment de tourner en rond car à chaque réunion, on nous propose comme solution une étude sur le prix du pain qui se termine souvent en queue de poisson", affirme Maâmar Hentour, qui parlait au nom de la coordination nationale des boulangers. Selon lui, toutes les études successives sur prix du pain depuis 2004 sont tombées à l'eau. “Nous n'avons jamais rejeté le dialogue avec le ministère de tutelle, mais nous avons l'impression que les négociations sont menées avec des fantômes qui ne représentent pas les véritables boulangers", a déclaré Faouzi Habiche. S'agissant des propos du ministre du Commerce concernant “l'augmentation inévitable du prix du pain dans l'avenir", les boulangers sont dubitatifs. Mustapha Benbada avait, à maintes reprises, évoqué que la farine subventionnée par l'Etat et dont bénéficient les boulangers “est utilisée même pour la production d'autres produits dont les prix sont fixés par eux-mêmes". Une affirmation lourde de sens, impliquant de fait les boulangers qui “recourent actuellement à la farine subventionnée par l'Etat pour la production de différentes sortes de viennoiseries, ce qui, pour le moment, leur permet de compenser la marge de bénéfice sur le prix de la baguette de pain". Une telle déclaration au vitriol est rejetée par les boulangers qui tiennent à rappeler que le prix de revient d'une balle de farine panifiable (1 quintal) revient à 5 630 DA sans la marge bénéficiaire du boulanger. Cette réunion sera sanctionnée par un communiqué commun comportant des revendications uniques et qui sera soumis au ministre du Commerce par des représentants que la rencontre nationale des boulangers désignera pour la circonstance. K. R-I