Nos sites archéologiques, ces vestiges du passé défiant le temps et les hommes, ces ruines qui se dressent encore narguant un présent ingrat embourbé dans une modernité sans âme, ces pierres encore «vivantes» qui racontent les gloires du passé ; ces citadelles dont les murailles avec leurs chemins de ronde content les batailles, ces forums, ces thermes, ces mosaïques, ces théâtres à ciel ouvert et ces voies romaines, témoins d'une civilisation qui s'est enracinée en cette Maurétanie césarienne qui se confond avec l'Algérie. Ces pierres chargées d'histoire, ces statuettes, ces inscriptions et ces ruines qui s'étalent sur des centaines d'hectares dans cette Algérie qu'on a voulue amnésique sont dans d'autres contrées des trésors inestimables qu'on préserve et qu'on chérit jalousement parce que constituant un patrimoine qui a pétri et façonné un devenir, un Etat, une Nation, une civilisation. Hélas dans cette Algérie du XXIe siècle, c'est à peine si on s'y intéresse et c'est juste l'espace d'un mois pompeusement baptisé «mois du patrimoine» que l'on en parle, juste pour en parler, et puis on oublie tout jusqu'à l'année suivante. Le reste du temps, ces trésors inestimables sont livrés à un pillage et à une mise à sac en règle sans parler des destructions de pièces archéologiques irremplaçables. Mains incultes qui détruisent, pieds vandales qui foulent ces espaces, vols et trafics effacent progressivement ces pans de notre histoire consacrant ainsi cette amnésie. Il y a bien eu en avril 2001, le colloque international sur Saint Augustin avec la visite de centaines de touristes sur le site de Madaure (actuellement M'daourouch, dans la wilaya de Souk-Ahras) et l'on croyait alors qu'à partir de cette date, les sites archéologique seraient pris en charge pour être préservés et protégés. Il y eut plus tard quelques initiatives sans plus, c'était juste un feu de paille et puis tout est redevenu comme avant. Au moment où l'on fait tout pour relancer le tourisme et la destination Algérie, les sites archéologiques peuvent être un tremplin pour cette relance car ces vestiges peuvent attirer des milliers de visiteurs du monde entier pour peu qu'on en fasse la promotion et qu'on mette en place les infrastructures nécessaires mais cela n'a pas encore été pris en compte. Nos sites archéologiques périclitent et se meurent sous l'œil impassible de ceux-là même qui sont censés les préserver, les protéger et en faire la promotion. M. R.