Le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE) est toujours dans l'impasse. L'UE prétexte ce blocage par le refus d'Ankara de remplir ses obligations. Cette déclaration intervient en marge de la réunion à Bruxelles avec le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. «L'Union européenne constate avec beaucoup de regrets que, malgré ses demandes répétées, la Turquie refuse toujours de remplir ses obligations», a déploré le conseil des Etats de l'UE dans un communiqué. «L'Union européenne constate également que la Turquie n'a fait aucun progrès vers la normalisation de ses relations avec la République de Chypre» dont la partie nord est occupée par les troupes turques depuis 1974, a ajouté le communiqué. L'Union européenne s'est toutefois dite prête à faire un geste. «Nous espérons pouvoir ouvrir en juin un nouveau chapitre de discussion, le chapitre 22 concernant la politique régionale», a annoncé au cours d'une conférence de presse le chef de la diplomatie irlandaise, Eamon Gilmore, dont le pays assure la présidence des réunions ministérielles de l'UE jusqu'au 30 juin. Mais la Turquie doit montrer de la bonne volonté, a insisté le commissaire européen en charge de l'Elargissement Stefan Fùle. «La clef de l'amélioration des négociations est l'accord de réadmission conclu avec l'UE», que la Turquie doit signer et mettre en œuvre. Cet accord est capital pour faciliter la lutte contre l'immigration clandestine dans l'UE, car la Turquie est devenue un point de passage vers la Grèce. En contrepartie de la signature de cet accord paraphé par Ankara en 2012, l'UE acceptera de faciliter l'octroi de visas pour les ressortissants turcs. Le chef de la diplomatie turque, qui n'est pas dupe des motivations réelles de ce blocage, n'a pas caché son agacement devant le blocage de ce processus. «Une fleur ne suffit pas pour que le printemps arrive», a-t-il lancé au cours de la conférence de presse avec MM. Gilmore et Fùle. «Dix sept chapitres (sur 35) sont bloqués pour des motifs politiques. Il faut débloquer le processus, car à ce rythme, il faudra cinquante ans pour le terminer», a-t-il insisté. Ahmet Davutoglu a demandé l'ouverture des chapitres liés aux relations extérieures. «Nous pensons que nous avons besoin d'une nouvelle perspective stratégique dans nos relations», a-t-il averti. «Sans la Turquie, l'UE ne sera pas complète, elle n'aura pas de continuité stratégique et géographique», a-t-il soutenu. Les Turcs savent pertinemment que l'intégration d'un pays musulman, qui plus est, fort économiquement au sein de la communauté européenne, n'agrée pas les pays membres de cette union. Les négociations sur cette éventuelle adhésion, sont, faut-il le rappeler, au point mort depuis 2005. M. N.