La Turquie a clairement exprimé son mécontentement samedi devant les ministres européens des Affaires étrangères face à la lenteur des négociations en cours sur son adhésion à l'UE, refusée par plusieurs pays comme la France et l'Allemagne. Le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu était invité à participer à Bruxelles à une réunion avec ses homologues européens, qui lui ont offert de développer un "dialogue stratégique" avec eux sur les grands problèmes du monde, indépendamment des discussions sur l'entrée éventuelle du pays dans l'Union européenne. Mais le ministre turc a estimé lors d'une conférence de presse qu'il était "difficile de développer une telle vision stratégique" avec l'Europe "s'il n'y a pas d'avancée dans les négociations" d'adhésion dans le même temps. "C'est la raison pour laquelle j'ai exprimé lors de la réunion aujourd'hui notre mécontentement face au rythme des négociations, je l'ai dit clairement, j'ai dit que ce rythme n'était pas du tout satisfaisant pour nous", a ajouté M. Davutoglu. Et il a prévenu que le partenariat stratégique offert par l'UE pour tenir compte du poids diplomatique grandissant de son pays sur la scène internationale "ne remplaçait pas le processus de négociations" sur l'adhésion. Ankara a entamé des négociations d'adhésion à l'UE en 2005, mais elles n'avancent que très lentement du fait de l'impasse à Chypre, de la lenteur des réformes en Turquie et plus fondamentalement du refus de certains pays comme la France et l'Allemagne d'accepter au bout du compte l'entrée de ce pays de 73 millions d'habitants. Paris et Berlin prônent à la place un "partenariat privilégié" avec la Turquie.. Ankara a entamé des négociations d'adhésion à l'UE en 2005, mais elles n'avancent que très lentement du fait de l'impasse à Chypre, de la lenteur des réformes en Turquie et plus fondamentalement du refus de certains pays comme la France et l'Allemagne d'accepter son entrée. L'UE, mais aussi Chypre et la France bloquent 18 des 35 chapitres thématiques qui jalonnent ces pourparlers d'adhésion, en raison principalement du problème chypriote. Seuls trois chapitres peuvent encore potentiellement être ouverts, après quoi l'impasse sera totale, avec sans doute une vraie crise entre l'UE et la Turquie.