Réunis à Bruxelles, les représentants des 27 pays de l'UE ont ouvert un douzième «chapitre» thématique sur la liste des 35 qui jalonnent les laborieux pourparlers d'adhésion engagés par la Turquie. La Turquie a effectué hier un petit pas timide de plus vers l'UE, mais son horizon européen reste bouché au moment où les choses s'accélèrent en revanche dans les Balkans, pour la Croatie et même pour la Serbie qui dépose aujourd'hui une candidature hautement symbolique. Réunis à Bruxelles, les représentants des 27 pays de l'UE ont ouvert un douzième «chapitre» thématique sur la liste des 35 qui jalonnent les laborieux pourparlers d'adhésion engagés en octobre 2005 par la Turquie, a annoncé le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays préside l'UE. Il s'agit de l'environnement, domaine pour lequel une mise à niveau de la Turquie par rapport à l'UE constituera «un défi», a reconnu Ankara. Cette avancée était une priorité de la Suède, qui milite ardemment pour l'adhésion à terme de la Turquie, et de la Commission européenne. «Cela montre que le train de la Turquie vers l'UE reste sur les rails et avance» malgré les difficultés, a dit en forme de testament le commissaire à l'Elargissement, Olli Rehn, appelé à quitter ses fonctions fin janvier. Le progrès reste toutefois timide pour la Turquie, de plus en plus frustrée. «Nous espérons que les négociations vont prendre de la vitesse», a déclaré hier le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. Il a également critiqué l'UE pour son refus de lui accorder le droit de venir en Europe sans visa, qu'elle vient de donner aux citoyens de Serbie, du Monténégro et de Macédoine. Pour la Turquie, les perspectives d'adhésion restent au mieux très lointaines en raison de la lenteur de certaines réformes internes mais surtout de l'opposition de plusieurs pays à son entrée, comme la France, l'Autriche et l'Allemagne. Ces derniers proposent à la place un «partenariat privilégié» avec l'UE, qu'Ankara refuse. Et la récente décision de la cour constitutionnelle turque de dissoudre le parti pro-kurde pour une société démocratique (DTP) n'a rien arrangé. M.Bildt l'a qualifiée hier d'«inquiétante». Autre problème: en raison du refus persistant d'Ankara d'ouvrir ses ports et aéroports aux Chypriotes grecs, l'UE bloque depuis 2006 huit chapitres de négociation. Les Chypriotes grecs viennent d'ailleurs de menacer de poser de nouvelles conditions sur cinq nouveaux chapitres non encore ouverts. Une décision qualifiée de «très préoccupante» par M.Davutoglu, qui a exhorté l'Europe à choisir entre l'intérêt stratégique pour elle d'une adhésion de la Turquie ou la poursuite du blocage politique. Par contraste, le processus de rapprochement des pays des Balkans, sur lequel il y a consensus à terme au sein de l'UE, avance vite. Sans parler de l'Islande qui a déposé cette année sa candidature et pourrait adhérer dès 2012. Concernant la Croatie, les pays de l'UE ont refermé hier deux nouveaux chapitres la concernant, sur la libre prestation des services et l'emploi. De ce fait, Zagreb en est à 28 chapitres ouverts sur 35, dont déjà 17 clos. «Nous en sommes à la phase finale des négociations» qui pourraient être bouclée «rapidement», a dit M.Bildt. La Croatie peut espérer en terminer d'ici l'été 2010, en vue d'une entrée l'année suivante dans l'UE, à condition que la Slovénie ne bloque pas le processus en raison d'un différend territorial avec Zagreb. La Serbie présentera elle aujourd'hui à Stockholm sa candidature à l'Union européenne, a confirmé hier sa présidence.