174 milliards de dollars en 20 ans, soit 8,7 milliards de dollars par an. C'est le chiffre des transferts illicites d'argent pour l'Algérie. Et ce n'est là qu'une estimation de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA). Un rapport de cette instance, qui travaille en collaboration avec la Banque africaine de développement, évalue les Flux financiers illicites (FFI) partant de l'Afrique à quelque 50 milliards de dollars américain par an, ce qui représente environ le double du montant de l'aide que le continent africain reçoit. Vu la caractéristique principale de l'illicite et du souterrain qui, par définition, est caché, ces estimations, en toute logique, ne constitueraient donc que la partie immergée de l'iceberg représentant 10% du volume de ce dernier. Différentes études, enquêtes et investigations ont confirmé l'importance de ces transferts de capitaux dont sont victimes les économies africaines. Avec chiffres à l'appui, des experts ont révélé que des multinationales et fonds d'investissement occidentaux, pour une bouchée de pain et quelque pots-de-vin, achetaient dans des pays africains des mines qu'ils revendaient cinq à dix fois le prix d'achat à des sociétés anonymes domiciliées dans des paradis fiscaux, ces fameuses places financières qui ont saigné toutes les économies et qu'Européens et Américains essayent vainement d'éradiquer. Que peut dès lors l'Afrique contre ces organisations financières maffieuses, surtout qu'elle prête le flanc à toutes les dérives et les dépassements ? Mis en place par la CEA, un panel de haut niveau sur les FFI, qui mène, depuis 2012, sept études de cas de pays (Nigeria, Algérie, République démocratique du Congo, Kenya, Libéria, Mozambique et Afrique du Sud), a, dès les premières consultations, situé la provenance de ces transferts transfrontaliers de capitaux illicites qui sont le produit d'activités d'entreprises, actes criminels et corruption ainsi que de détournements par des fonctionnaires des Etats. Toutes ces tares existent en Algérie. Quant aux remèdes contre le problème des FFI, ils sont connus et n'attendent qu'application. Ils s'appellent gouvernance participative, transparence, contrôle, équité sociale et indépendance de la justice, des institutions de contrôle et instances de contre-pouvoir. L'Algérie comme les autres pays africains n'ont d'autre choix que de relever les défis de la lutte contre les FFI et l'économie souterraine ou se laisser encore saigner aux quatre veines et rester des économies dépendantes ouvertes à toutes les invasions. H. G.