Les médias ont été appelés lundi à Adis Abeba pour aider le continent africain à mieux tirer profit de ses ressources naturelles et "ôter" toute opacité entourant l'exploration des gisements qu'il recèle. "Les médias sont un partenaire privilégié dans la gestion rationnelle des ressources naturelles de l'Afrique", a déclaré Jenerali Ulimwengu, expert des médias à la Commission économique pour l'Afrique (CEA). S'exprimant lors d'un atelier organisé à l'intention des journalistes venus couvrir le 8e Forum pour le Développement de l'Afrique (FDA) qui se tiendra du 23 au 25 octobre à Addis Abeba, les experts de la CEA et de l'Union africaine ont appelé les médias à interpeller les gouvernements africains sur la gestion actuelle des ressources naturelles. "Les médias doivent inciter les gouvernements africains à rendre compte de leurs actes (sur la gestion des ressources naturelles)", selon M. Ulimwengu. Le 8ème FDA auquel prendront part des chefs d'Etats et de gouvernements africains, des ministres, de hauts responsables, des experts internationaux et des représentants d'organisations gouvernementales et non gouvernementales, débattra du thème : gestion et mobilisation des ressources naturelles au service du développement de l'Afrique. Les médias sont aussi sollicités à contribuer pour asseoir la transparence autour de la gestion des ressources naturelles en Afrique et "ôter l'opacité sur les contrats miniers conclus avec les étrangers". En dressant un constat "peu reluisant" sur la gouvernance des ressources naturelles en Afrique notamment dans certains pays, les experts de la CEA ont tiré la sonnette d'alarme quant à l'ampleur des transferts illicites des fonds générés par l'exploitation des gisements en Afrique. Quelque 50 milliards de dollars quittent illicitement l'Afrique chaque année -chiffre remontant à 2008- dont 30% proviennent du Nigeria, selon Yinka Adeyemi, expert à la CEA, qui prédit un "seuil plus important" en 2012. Selon lui, 28% de ces fonds vont aux Etats-Unis, 9% en France et 8% en Allemagne. Ne citant que ces exemples, il pose une question : " pourquoi les ressources minérales constituent-elles une malédiction pour l'Afrique et pas pour les autres pays ?". Comparant l'ampleur de ces flux illicites de capitaux au niveau de l'aide au développement octroyée par les pays développés -n'accédant pas 7% des besoins- cet expert a plaidé plutôt en faveur d'une aide permettant aux pays africains de mieux gérer leurs ressources. "Aidez l'Afrique à mettre fin à cela", a lancé M. Adeyemi aux journalistes africains en leur demandant de poser des questions sur les raisons de l'appauvrissement du continent malgré les richesses "inestimables" qu'il recèle. De son côté, une responsable à la direction de l'information et de la communication de l'Union africaine, Mme. Mussa Bayana, a appelé les médias à informer les populations africaines sur les ressources de leurs pays et les conséquences environnementales engendrées par leur exploitation. Cette responsable a exhorté les journalistes à défendre la "transparence et la bonne gouvernance", qui sont des valeurs de l'UA, dit-elle, et ce, en incitant les gouvernements "à rendre compte de leurs décisions prises en matière de gestion des ressources naturelles, mais restant souvent dans les terroirs". Les journalistes ont relevé, de leur part, les difficultés d'accès à l'information et le manque d'échange d'informations entre les médias africains. Outre cet atelier consacré aux médias, la CEA organise plusieurs rencontres préparatoires de la 8e FDA, un évènement biennal organisé par la CEA, la Commission de l'UA et la Banque africaine de développement (BAD). L'Algérie sera représentée à ce forum par le Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé des Statistiques, Bachir Messaïtfa.