Correspondance particulière de Paris de Wiza Ouhemouche
Matoub lounès, illustre artiste kabyle engagé assassiné en Kabylie le 25 juin 1998, a une autre rue baptisée, dimanche dernier, à son nom à Argenteuil, près de Paris. L'initiative est du député-maire de la ville, Philippe Doucet, et de son équipe municipale, avec la collaboration de la Maison amazigh Matoub. En présence d'une foule d'habitants du quartier d'Argenteuil, d'artistes, d'élus, de fans et de personnalités proches de la famille de Lounès Matoub, la cérémonie d'inauguration qui a eu lieu à proximité du parc des Cerisiers s'est transformée en un moment fort d'évocation de l'artiste populaire. Jean-Ferrat «reconnu pour son talent de mélodiste et (qui) met en musique et popularise nombre de poèmes de louis Aragon» a eu droit, lui aussi, à une rue dans le même quartier et à la même occasion. Le député-maire d'Argenteuil, entouré de ses adjoints et des membres de la famille des deux artistes disparus, a rappelé le parcours militant des deux chanteurs dont il dira que ce sont «deux artistes très importants». Il s'agit de «deux hommes, de deux époques et deux cultures» marqués par l'engagement à travers la chanson populaire, ajoutera M. Doucet. Des artistes kabyles expatriés comme Takfarinas, Ferhat Imazighen imula, et Malika, la sœur de Lounès Matoub, ainsi que des militants associatifs ont assisté à l'inauguration de ces deux nouvelles rues. Dans l'invitation adressée aux résidents d'Argenteuil, Matoub Lounès est présenté comme «chanteur, parolier et compositeur kabyle […]. Il est militant de la cause identitaire amazigh en Algérie et son rôle est immense dans la revendication et la popularisation de cette culture. Il est aussi à la pointe du combat pour la démocratie et la laïcité en Algérie». Pour rappel, le nom de Lounès Matoub a été auparavant donné à plusieurs rues à Paris, Nancy, Vaulx-en-Velin… alors qu'aucune rue ne le porte encore chez lui en Kabylie, où il demeure encore très populaire et est l'icône de plusieurs générations et de milliers de jeunes épris de liberté.