La population en chômage dans les pays de l'Afrique du Nord passera de 7,6 millions de personnes en 2013 à 8 millions en 2015, soit une hausse de 4,3% sur deux années, a indiqué lundi l'Organisation internationale du travail (OIT). Quant aux pays de la région du Moyen-Orient, le nombre des sans-emploi augmentera également pour passer de 8,3 millions de personnes en 2013 à 8,8 millions en 2015 (+5,4%), selon cette institution onusienne dans son rapport mondial sur le travail. Cette même tendance haussière sera enregistrée en Afrique subsaharienne dont le nombre de chômeurs passera de 26,6 millions d'individus en 2013 à 28 millions en 2015. Pour l'OIT, le problème du chômage dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) se pose avec acuité même si au cours de la dernière décennie, la majorité des pays de cette zone ont connu une baisse du taux de pauvreté et une augmentation de la population à revenu intermédiaire. Elle avance, en outre, que la situation éco-sociale restera «fragile» tant que le secteur public demeurera le principal pourvoyeur d'emplois, appelant à investir davantage dans l'économie réelle (entreprises...). Au niveau mondial, le nombre de chômeurs devrait s'établir à 208 millions en 2015 contre 201 millions en 2013. Par ailleurs, elle constate que dans les économies émergentes et en développement, les classes moyennes ont grossi passant de 263 millions en 1999 à 694 millions en 2010. «C'est une grande avancée pour un nombre croissant de pays asiatiques et latino-américains, qui s'est récemment étendue à certains pays d'Afrique et du monde arabe», commente cette organisation de l'ONU. Cependant, une «population flottante» vulnérable, celle qui est juste au-dessus du seuil de pauvreté, a augmenté passant de 1,12 milliard de personnes en 1999 à 1,92 milliard en 2010, essentiellement dans les économies à revenus faibles ou intermédiaires. Cette catégorie vulnérable représente près de trois fois la taille de la catégorie à revenu intermédiaire. «Dans les pays en développement, le défi le plus important est de consolider les progrès réalisés récemment en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités», commentent les auteurs du rapport lequel montre comment l'investissement productif, les salaires minimaux et la protection sociale ont contribué à la réalisation de cet objectif. Dans ses principales recommandations, l'OIT préconise une approche qui conjugue objectifs macroéconomiques et emploi en relevant la nécessité d'accorder davantage d'attention à l'impact social et l'emploi des différentes politiques macroéconomiques. Elle souligne aussi la nécessité de se recentrer sur l'économie réelle et appelle à prendre des mesures pour réduire les incertitudes économiques et pour encourager l'investissement. Pour restaurer la croissance de l'investissement, elle suggère essentiellement l'amélioration de la gouvernance des entreprises, l'amélioration du système fiscal et l'accès au crédit, en particulier, pour les PME créatrices d'emplois. Sur un autre plan, le rapport constate que les économies avancées ont contribué à hauteur d'à peine 33% de l'investissement mondial en 2012, contre plus de 60% en 2000. En revanche, les économies émergentes ont représenté près de 47% de l'investissement mondial en 2012, contre seulement 27% 2000 alors que l'emploi y a augmenté d'environ 7% en moyenne entre 2007 et 2012. «Il existe une corrélation évidente entre investissement et emploi. Il est donc vital d'améliorer l'activité d'investissement pour permettre aux entreprises de tirer parti des nouvelles possibilités offertes, de se développer et d'embaucher plus de personnel», a déclaré Raymond Torres, directeur de l'Institut international d'études sociales de l'OIT. APS