Le taux de couverture végétale devra bientôt atteindre 14%. C'est un programme à moyen et long terme tracé par les responsables de la protection des forêts. En parallèle, des actions de sauvegarde des plantations par le guet et la sensibilisation doit se poursuivre pour ne pas dégarnir davantage l'opercule vert de Constantine. «Le reboisement permettra, en outre de récupérer des ares ravagés ou déracinés», soutient-on auprès de la direction. «Notre souci est de parvenir à étoffer la superficie du patrimoine forestier chaque année.» Le chef de service de la protection forestière, M. Kheireddine Saighi, connaît la difficulté de rendre «tout vert» et sans altération, provenant surtout de l'homme, dans un milieu ouvert où transitent des personnes aux tendances disparates : détente, couples illicites, incendies, braconnage. D'autant que la wilaya de Constantine est marquée par des espaces sylvicoles isolés. Chaque commune détient son poumon d'air frais, mais avec une intensité variante en plantations, compte tenu des spécificités de chaque localité. Beni H'midane et Hamma Bouziane renferment chacune un faible taux en reboisement. Tandis que la plus grande superficie revient au chef lieu, au Khroub et à Aïn Abid. Suivront les communes de Zighoud Youcef, Didouche Mourad. Le patrimoine forestier est évalué à près de 27 556 hectares (forêts, maquis et reboisement), «la forêt naturelle s'étale sur plus de 9 500 ha contre 8 900 pour celle reboisée», selon notre source. Par ordre décroissant les principales espèces dominantes dans la circonscription sont le pin d'Alep, l'eucalyptus, le cyprès, le chêne-liège et le pin pignon. Un taux qui assure une couverture végétale estimée entre 11-13%. «Pour l'année 2012 nous avons garni plus de 200 hectares en plantations», confie notre interlocuteur. Et d'ajouter : «Si nous maintenons cette cadence en matière de ‘‘repeuplement'' et de reboisement en ciblant les points névralgiques, le patrimoine forestier sera davantage régénéré et augmenté.» Une fréquence qui requiert une intervention collégiale. «Les pouvoirs publics en sont conscients et la protection des forêts veille à ce que la barre des 14% soit dépassée .» Un engagement qui ne pourra se concrétiser dans le temps qu'avec «le guet» permanent afin de neutraliser toute tentative de braconnage ou coupes illicites. Quoique demeurant cas isolés à Constantine, à la longue ce genre de «rapt» forestier fragilisera le toit vert. «Le colportage est certes infime à Constantine. L'espèce prisée est surtout le pin d'Alep utilisé dans la maçonnerie. Mais il est nécessaire de circonscrire tout acte illégal», précise M Saighi. Pour cela des conventions sont paraphées avec diverses parties intervenantes pour intervenir en temps opportun et consigné d'éventuels PV qui seront transmis à la justice. «Pour 2012 il a été procédé à l'arrestation de huit délinquants. Or la plupart des contrevenants sont issus des autres wilayas limitrophes», a-t-il soutenu. Dire que le patrimoine forestier est quasi «sauvegardé» serait un satisfecit démesuré, attestent des citoyens épris de nature et soucieux de la protection des forêts et de l'environnement. Preuve en est que l'utilité publique aura fait des ravages pour faciliter le tracé du Transrhumel via le chemin forestier vers le plateau de Mansourah. Environ 11 hectares représentant près de 1 500 résineux centenaires ont été déracinés. Cette opération a été effectuée dans la discrétion absolue. Quoi qu'il en soit, on affirme que ces arbres allaient être sciés, car représentant des signes de déracinement…ce qui pouvait engendrer un danger pour la vie des citoyens. «Le bois récupéré a été cédé aux enchères», rappelle notre interlocuteur. S'agissant de la lutte contre les feux de forêt, la campagne a pris le départ au début du mois en cours et devra s'étaler jusqu'au mois d'octobre. A cet effet, un plan de coordination a été dressé et regroupera la protection civile, les travaux publics, les services de l'hydraulique et ce pour intervenir à temps, et en «synergie», en cas de déclaration d'un quelconque incendie. L'année 2012 a été sanctionnée par une destruction de plus de 16 hectares au terme d'un incendie du côté de la commune d'ibn Ziad. Pour pallier à d'éventuels feux de forêts, les responsables du secteur ont ainsi adopté leur planning et sensibilisé tous les acteurs pour maintenir le taux de couverture végétale intact, quitte à défier les grandes chaleurs ! Et les riverains des zones forestières en sont alertés. «Nous comptons sur l'apport de la société civile pour ce genre d'opération. Un incendie déclaré doit être immédiatement signalé afin qu'il puisse être circonscrit», conclut le chef de service. Souhaitons que les citoyens s'impliquent davantage dans cette lutte mais aussi dans la protection du patrimoine forestier. La main de l'Homme fait beaucoup de mal à ce patrimoine. N. H.