Des étudiants récemment rencontrés par l'APS alors qu'ils participaient à une opération de reboisement près du massif d'Oued Mellite, à Souk Arras, estiment que la préservation du patrimoine forestier est "aussi importante, sinon plus, que la sauvegarde des vestiges anciens". Un avis que partagent volontiers les responsables locaux de la conservation des forêts qui considèrent qu'en plus des remarquables sites archéologiques, à Mad Aure, Chemisa ou ailleurs, la wilaya de Souk Arras se targue d'abriter un patrimoine forestier d'une biodiversité remarquable, avec un vaste couvert végétal et des étendues forestières de l'ordre de près de 89.000 hectares, soit plus de 20 % de la superficie totale de la wilaya. Cet important patrimoine naturel se répartit sur les sept massifs forestiers de Lehmann (9.402 hectares), de Bouchemaine (7.462 hectares), d'Ouled Bechih (6.287 hectares), de Boussessou (5.399 hectares), d'Oued Mellègue (3.597 hectares), de Sallaoua (3.009 hectares) et d'Ain Kellib (2.942 hectares). Ces superficies sont traversées par un important réseau hydrographique dont les principaux cours sont l'oued Charef et l'oued Ain Dalia qui alimentent, ensemble, le plan d'eau du barrage d'Ain Dalia, capable de retenir 82 millions de mètres cubes. Les essences dominantes du patrimoine forestier de cette wilaya sont constituées de pins d'Alep, qui occupe 43.625 hectares, de chênes-zen et de chênes-lièges qui s'étendent sur 23.431 hectares, en plus de divers peuplements de chênes verts, de cyprès et d'eucalyptus poussant sur 21.878 hectares. Un plan de développement prometteur A travers les forêts de cette wilaya, poussent diverses plantes et arbrisseaux à l'ombre des majestueux cyprès, chênes et pins dont la bruyère, la busserole, le romarin, l'alfa et le genévrier. Cette flore variée a permis le développement de plusieurs espèces faunistiques dont le lièvre sauvage, la perdrix, l'hyène, le sanglier et le cerf de Barbarie. Consciente de l'importance économique de ce patrimoine, la conservation des forêts a élaboré des plans de développement qui ont mobilisé, au titre du programme quinquennal 2010-2014, un montant de quatre milliards de dinars ventilés sur 24 opérations. Ces dernières prévoient notamment le reboisement de 1.300 hectares pour remplacer les espaces forestiers détruits par les feux durant les dernières années, dans les communes de Machrouha, de Lehnancha, de Sidi-Fradj, d'Ain Zana, d'Ouled Driss et de Taoura. Pour le seul exercice 2012, pas moins de 960 km de pistes forestières ont été aménagés, tandis que 500 hectares de jeunes arbres ont été entretenus, outre la correction torrentielle de 3.100 m3, l'aménagement de 20 points d'eau, la plantation de 20 hectares de figue de barbarie et l'installation de 13 serres pour la plasticulture. La même année a connu le lancement du projet de la mise en terre de plants d'arbres fruitiers essentiellement des oliviers sur 3.000 hectares. C'est dire la prise de conscience manifestée localement autour de la nécessaire préservation de ce précieux patrimoine que forment les forêts. Une production de 7.000 quintaux de liège en 2012 Les surfaces boisées de cette wilaya ont produit, l'année dernière, environ 7.000 quintaux de liège, une quantité qui a dépassé la moyenne annuelle de 6.000 quintaux. La nature vierge, à l'abri de toutes formes de pollution, un climat propice et une altitude idéale dans les forêts d'Ouled Bechih et de Boumezrane (Ain Zana) font que la qualité du liège de la wilaya soit l'une des meilleures à l'échelle nationale. Plus de 500 travailleurs ont été employés dans les actions de collecte de liège écoulé par l'Entreprise de transformation de liège dans les wilayas voisines de Jijel, Skikda et de Bejaia, indique le responsable des forêts qui fait état du lancement prochain d'une vaste opération de nettoyage de 1.770 hectares d'aires forestières ravagés par des incendies. Durant la seule journée du 21 mars dernier, 2.600 plants de pins, d'eucalyptus et de cyprès ont été mis en terre sur le site Colonel-Amirouche, au centre de la ville de Souk Ahras au titre d'une opération de bénévolat ayant mis à contribution les agents des Douanes, de la Protection civile, des Forêts, de la Sûreté et des entreprises du programme Blanche Algérie. A Souk Ahras, où il existe cinq pépinières dans les localités de M'daourouch, de Dréa, de Merahna, d'Ain Sennour et de Machrouha, l'on semble avoir compris qu'en célébrant le mois du patrimoine, entre avril et mai, il serait de bon ton d'avoir une pensée pour les étendues forestières qui, contrairement aux ruines ou aux traces de civilisations anciennes, ont la faculté de se régénérer par la volonté de homme.