Alors que Beyrouth vivait un calme relatif hier, la tension s'est déplacée vers la grande ville du Nord, Tripoli. Les partisans du gouvernement pro-occidental et l'opposition menée par le Hezbollah se sont livrés à d'intenses combats où des armes semi-lourdes ont été utilisées. Le bilan de cinq jours de crise avec son corollaire de violence a atteint au moins 38 morts. Des accrochages ont été également signalés dans la vallée de la Bekaa dans l'est du Liban. Un certain nombre de villages dans cette région du mont Liban ont connu des escarmouches. Mais les heurts les plus violents d'hier se sont incontestablement produits dans la ville côtière de Tripoli. Des tirs à la grenade et à la mitrailleuse lourde ont été échangés. Les combats ont gagné en intensité au fil des heures puis la situation s'est apaisée lorsque les troupes de l'armée libanaise ont commencé à se déployer entre les deux camps. L'armée libanaise joue encore le rôle de tampon entre les deux camps protagonistes. Dans la capitale, Beyrouth, le calme est revenu dans les quartiers après quatre jours de violence entre les deux tendances libanaises. Mais le calme semble précaire. De nombreuses grandes routes, y compris celle menant à l'unique aéroport international, sont toujours barrées par des empilages de sacs de sable. L'opposition menée par le Hezbollah, qui a parlé d'«état de guerre», compte poursuivre sa campagne de «désobéissance civile» jusqu'à satisfaction de ses exigences. En attendant, ce nouveau bras de fer maintient le Liban sous pression. Les événements de ces derniers jours sont les pires violences qu'ait connues le pays depuis la guerre civile de 1975-90. En réponse au blocage de l'accès à l'aéroport, les partisans du gouvernement continuaient de barrer la route menant au principal poste frontière avec la Syrie. Après un discours plutôt apaisant du Premier ministre libanais, Fouad Siniora, samedi, l'armée a appelé l'opposition à rouvrir les routes. Elle a également annoncé que le chef de la sécurité de l'aéroport, limogé parce que soupçonné d'être proche du Hezbollah, conserverait son poste. L'autre recommandation au gouvernement est celle de revenir sur sa décision de déclarer «illégal» le système de communications indépendant du Hezbollah. Une éventualité qui signifierait un coup sévère à la résistance anti-israélienne. Rappelons que le système de communications du parti de Nassrallah est à l'origine de la tournure violente qu'a prise la crise politique libanaise depuis jeudi. Fidèles à leur discipline à toute épreuve, les militants du Hezbollah se sont retirés après le communiqué de l'armée. M. B.