Depuis l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit en août 2010, dans l'optique de promouvoir une réforme profonde de la politique monétaire, la Banque d'Algérie s'est fixée comme objectif majeur de juguler le phénomène de l'inflation, qui représente une menace pour l'économie nationale. Mais, après deux années de stabilité (2010 et 2011) durant lesquelles il a atteint respectivement 3,91% et 4,5%, ce phénomène s'est reposé avec acuité en 2012, en atteignant son plus haut niveau depuis 15 ans, soit 8,9%. La poussée inflationniste de 2012, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, était «conjoncturelle» et était essentiellement de nature «endogène» et ancrée sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont enregistré une envolée au premier trimestre 2012, expliquant 96% de l'inflation, en moyenne annuelle, de cette catégorie de produits pour toute l'année 2012 (21,37%). En effet, dès janvier 2012, l'indice global des prix à la consommation du Grand Alger, selon M. Laksaci, faisait ressortir une hausse brutale et subite (2,31 %), équivalente à 5,5 fois la hausse mensuelle moyenne de cet indice au titre de l'année 2011. Par ailleurs, l'inflation des prix à la consommation (hors produits alimentaires) n'a été que de 6,09% en 2012. Ainsi, contrairement à 2011, où l'inflation était beaucoup plus engendrée par l'expansion de la masse monétaire, principal déterminant de l'inflation en Algérie, en 2012, la poussée de l'inflation résultait donc de facteurs internes liés aux dysfonctionnements persistants des marchés des biens, où la formation des prix relève plus de positions dominantes et de la spéculation. Le choc inflationniste qu'a connu l'Algérie en 2012, a donc mis à nu la politique des pouvoirs publics visant à réguler l'activité commerciale, mais aussi la politique de la Banque d'Algérie qui, en dépit des réformes monétaires engagées depuis 2010, peine toujours à maîtriser l'inflation. Après 19 mois de tendance haussière ininterrompue (de juillet 2011 à janvier 2013), l'inflation, en moyenne annuelle, a décéléré, selon M. Laksaci, pour le deuxième mois consécutif en mars 2013. Le taux d'inflation en moyenne annuelle s'est établi à 8,07% à mars 2013 contre, respectivement, 8,89%, 8,91% et 8,56%, à décembre 2012 et à janvier et février 2013. Certes, la fièvre de l'inflation s'est un peu calmée en 2013, mais, selon les économistes, elle représente toujours un risque pour l'économie nationale. D'où l'urgence d'instaurer des mesures plus efficientes pour pourvoir maîtriser le phénomène de l'inflation. Selon la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, «la maîtrise de l'inflation exigera le bon dosage de mesures». Bien que des initiatives allant dans le bon sens soient déjà prises, que ce soit dans le budget de cette année ou la décision de resserrer la politique monétaire, mais, selon la patronne du Fonds monétaire international, «d'autres décisions seront nécessaires. Je pense en particulier à un nouveau resserrement de la politique monétaire, mais aussi à la nécessité de résister à toute nouvelle pression tendant à une augmentation des dépenses courantes de l'Etat». Il est utile de rappeler, à ce titre, les mesures de politique monétaire prises par la Banque d'Algérie, en mars dernier, à l'effet de résorber l'excès de liquidité sur le marché (monétaire) et d'atténuer son effet inflationniste. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, le taux de réserves obligatoires a été porté à 11% à compter de la mi-mai 2012, soit 2 points de pourcentage d'augmentation alors que la reprise de la liquidité s'est accrue de 250 milliards de dinars dès avril pour atteindre un encours de 1 350 milliards de dinars. L'augmentation du ratio des réserves obligatoires vise à réduire les surliquidités et, partant de là, réduire les crédits et les flux de trésorerie qui alimentent également l'inflation. Au début de l'année, la Banque d'Algérie avait tenté de réduire les surliquidités en allongeant la durée des dépôts rémunérés avec une durée maximale de reprise de six mois, au lieu de trois mois auparavant et un taux d'intérêt plus incitatif. Selon un expert, «les réserves obligatoires tout comme les reprises de liquidité font partie des instruments de la politique monétaire visant l'absorption des excès de liquidités et, par conséquent, la maîtrise de l'inflation». Or, selon Christine Lagarde, une éventuelle persistance de l'inflation risque de compromettre la croissance et, avec elle, la création si essentielle d'emplois. Les personnes déjà vulnérables sont celles qui souffriront le plus si l'inflation n'est pas maîtrisée.