Au niveau de la centrale syndicale, l'annonce faite par Cevital d'arrêter la production de pneus et de transformer l'usine de fabrication de pneus en entrepôt ne passe pas. «Il n'est pas question, pour nous syndicalistes, de voir mourir une filière qui a produit pendant cinquante années et de laisser faire», nous a affirmé, hier, une source de l'Ugta. «Nous ne sommes pas contre que Cevital reprenne une entreprise. Mais le maintien de la production, le développement de la filière et la préservation de l'emploi sont des axes non négociables et intangibles pour l'Ugta», nous affirme la source sur un ton grave. «Nous avertissons les repreneurs qu'en cas de refus du maintien de la production et du développement de la filière, l'Ugta usera de tous les moyens légaux pour faire capoter le projet», a rajouté notre source. La situation risque donc de connaître de nouveaux développements dans les prochains jours. Cherif Rahmani, ministre de l'Industrie, s'est refusé à tout commentaire concernant la reprise de l'entreprise de production et sa transformation en entrepôt. Il se serait contenté de dire «ce qui compte pour moi, c'est la préservation de l'emploi que ce soit à Michelin Algérie ou à ArcelorMittal». Pourtant des sources proches du dossier avaient affirmé quelques jours plus tôt à nos confrères de Reporters que «le scénario d'une fermeture de l'usine de Bachdjarrah et l'arrêt de ses activités, ne cadrant pas avec la politique de l'Etat, est contredit par un veto de l'Etat qui n'entend pas voir s'arrêter la production des pneumatiques dans notre pays au profit de l'import». En effet, lors de la signature de l'accord, il avait été fait état de voir Cevital devenir le représentant exclusif de Michelin en Algérie. Pour rappel, Issaad Rebrab P-dg de Cevital avait déclaré que «Michelin et Cevital viennent de signer un accord de partenariat prévoyant l'entrée de Cevital dans le capital de la société Michelin Algérie à hauteur de 67%», sans divulguer le montant de l'investissement. Le groupe français conservant temporairement les 33% restants jusqu'à l'arrêt de la fabrication des pneus, prévue à la fin de 2013, selon un communiqué commun distribué à la presse. A terme, la participation du groupe algérien sera augmentée à 100%, selon le texte. «Michelin arrêtera la production des pneus poids lourds dans son usine de Bachdjarrah à Alger fin 2013, mais Cevital continuera à commercialiser nos produits en Algérie», avait précisé le directeur général de Michelin, Igor Zyemit. Entre la volonté de l'Etat de relancer la machine industrielle, la conviction de l'Ugta de ne pas permettre qu'une filière aussi importante pour l'industrie automobile disparaisse aussi facilement, le rachat du Bibendum risque de se dégonfler rapidement comme un ballon de baudruche. A. E.