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Nécessité d'écrire l'histoire régionale pour construire l'histoire nationale Rencontre sur la résistance des Keblouti, Sbaïhia et Lehnancha à Souk Ahras
Cinquante ans après l'indépendance la problématique de l'écriture de l'histoire et de la résistance du peuple algérien est toujours au cœur de l'actualité. La célébration du Cinquantenaire de l'indépendance est ainsi une occasion de mettre sur le devant de la scène l'importance de cette écriture non seulement sur la thématique de la guerre de libération nationale, mais également sur la résistance populaire des différentes tribus dès les premières années du colonialisme. A ce sujet l'historien Djamel Ouarti, de l'Université Mohamed-Cherif Messaâdia, a estimé, jeudi passé, dans le cadre d'une rencontre dédiée aux résistances nationales dans la région de Souk Ahras, que : «L'écriture de l'histoire de chaque région du pays permet d'enrichir l'histoire nationale et de favoriser son étude exhaustive.» Animant une conférence consacrée aux «Insurrections des Sbaïhia et des Keblouti», l'universitaire a considéré que la construction d'un «Etat moderne ne peut se faire sans la consécration de l'histoire nationale, inséparable de la promotion de l'histoire des régions». Cette rencontre, qui s'est déroulée à l'initiative de la direction de la culture en coordination avec le cercle de réflexion et d'initiative (CRI), et en présence des autorités de la wilaya, d'universitaires et d'invités, a permis de revisiter l'insurrection des Sbaïhia et des Keblouti. Une résistance populaire qui s'est déroulée de janvier à septembre 1871. Une révolte qui s'insérait dans la grande insurrection des Cheikhs El Haddad et El Mokrani, sous l'impulsion de la zaouïa Rahmania dont l'influence allait de Souk Ahras à Cherchell, et de la mer Méditerranée à Touggourt et Ouargla. Une vérité historique que le colonialisme français a longtemps tenter d'occulter en réduisant les rôles des zaouïas dans la résistance algérienne et menant une propagande farouche pour les assimiler dans l'inconscient collectif à des centres de folklorisation et de charlatanisme. Ainsi, Djamel Ouarti met en exergue le fait qu'à Souk Ahras, le mokaddem Sidi Abderrahmane Ben El Hafsi a joué un rôle important dans l'appel à la révolte et à la résistance contre l'avancée de l'armée coloniale française en écho à cheikh El Haddad, qui a joué un rôle similaire dans la région de Kabylie. Le chercheur a rappelé que la répression terrible et sanglante menée par les troupes de la conquête s'était accompagnée d'une amende collective de 376 000 francs et le séquestre de terres agricoles dans les douars Laaouabed et Lehnancha, à Souk Ahras. Des condamnations à mort avaient été prononcées à l'encontre de deux résistants des Lehnancha, au moment où quinze autres résistants ont été déportés en Nouvelle-Calédonie, six autres en France, d'autres encore ont été placés en résidence forcée à Takitount, près d'Aïn El Kebira à Sétif, a ajouté le conférencier. Pour sa part, Djebbar Djebbar, de l'Université de Souk Ahras, a abordé dans son intervention sur la résistance populaire dans cette région la conquête menée par le général Achille Baraguey d'Hilliers, qui s'est heurté aux tribus confédérées autour des Lehnancha pendant plus de 15 ans. Au final, la rencontre de Souk Ahras a permis encore une fois de dépoussiérer l'histoire de la résistance du peuple algérien, dont les pages, au fil des restitutions d'archives et de nouvelles thèses de recherches, ne cesse d'être écrite, dans l'espoir de la transmettre aux générations futures afin de construire des bases solides pour l'avenir où le mythe cédera la place à la vérité. S. B.