Après quelques jours de tractations, aucun compromis n'a été trouvé entre le chef de l'Autorité palestinienne et son nouveau Premier ministre. Une impasse qui a poussé ce dernier à réintroduire, hier, sa démission. Démission acceptée cette fois-ci par le président Mahmoud Abbas. Ce dernier a avoué avoir échoué de faire revenir Rami Hamdallah sur sa décision. Moins de trois semaines après sa nomination, le Premier ministre jette l'éponge plongeant, par la même, l'Autorité palestinienne dans une nouvelle crise. Une situation qui résulte de la confusion qui règne au sommet de l'exécutif palestinien. Le partage des pouvoirs avec les deux vice-Premiers ministres imposés par le président, réduisait la marge de manœuvre du Premier ministre. Le porte-parole du président, Nabil Abou Roudeina, a confirmé la démission dans un communiqué publié par l'agence officielle Wafa, ajoutant que M. Abbas avait demandé au Premier ministre démissionnaire de «continuer à expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement». M. Hamdallah avait suspendu sa démission après un premier entretien vendredi soir, réclamant «des compétences claires et définies pour lui en tant que chef du gouvernement et pour ses vice-Premiers ministres conformément à la loi afin d'éviter les conflits et les empiètements sur les prérogatives» de chacun, selon un haut responsable. Il était encadré dans le gouvernement, formé le 6 juin, par deux vice-Premiers ministres, le député Ziad Abou Amr et Mohammad Mustapha, président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique du président, en charge des questions économiques. «Ce qui a mis le feu aux poudres est le mandat donné à Mohammad Moustapha par le président Abbas pour signer des accords avec la Banque mondiale», alors que cela faisait partie des prérogatives de son prédécesseur Salam Fayyad, économiste plébiscité par la communauté internationale, a indiqué vendredi un proche de M. Hamdallah. Ce dernier voulait avoir les mains libres dans la gestion, mais a été contraint de jeter l'éponge. La démission de M. Hamdallah «traduit la profondeur de la véritable crise traversée par les institutions de l'Autorité en raison de l'existence de nombreux centres de pouvoir et de conflits de prérogatives», a estimé dans un communiqué le mouvement de résistance Hamas. «C'est la principale raison de la poursuite de la division et le blocage de la réconciliation qui a conduit à ce résultat prévisible», a assuré le Hamas, appelant à «appliquer toutes les clauses de l'Accord du Caire, y compris la formation d'un gouvernement d'entente nationale». M. Hamdallah avait, rappelons-le, affirmé dès sa nomination, vouloir s'effacer rapidement en faveur d'un gouvernement d'union nationale, en vertu des accords de réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Ghaza. Al-Quds al-Arabi, dirigé par l'émérite journaliste palestinien Abdelabari Atwane ne s'étonnait guère vendredi de la démission de M. Hamdallah qu'il qualifie de «solide et intègre». Dans une critique acerbe il juge que «la jungle de la Mouqataa (siège de la présidence, Ndlr) à Ramallah ne permet pas à une personne ayant ces caractéristiques d'y subsister, au milieu des lions et des hyènes». M. N.